Mais avec qui nous marier ? Comment définir le partenaire idéal pour chacun ? On croit parfois que les couples qui ont réussi “ont eu de la chance”, ou sont tombés sur “le bon numéro”. Ce sont des mythes, des illusions. La personne qui réussit sa vie de couple n’est pas toujours une personne romantique. Après la passion doit venir la compassion, au sens étymologique de savoir souffrir et endurer ensemble. Il faut de longues années de vie commune pour faire un vrai couple : le coup de foudre n’est pas un gage de réussite conjugale.
Ceux qui réussissent leur vie conjugale sont ceux qui ont toujours su pratiquer l’art de vivre avec les autres, pour les autres. Ils ont un sens d’autrui, une “empathie”, une faculté de sentir et de comprendre le coeur des autres, d’établir des liens de réciprocité. Ce sont aussi, en général, des personnes qui acceptent de prendre des responsabilités. Si quelqu’un ne parvient pas à développer cette faculté d’empathie, il se fabrique une définition fausse de l’amour. L’amour devient alors une affaire de charme, de séduction, où l’on cherche à attirer l’attention d’autrui sur soi.
“L’amour, c’est l’occasion unique de mûrir, de prendre forme, de devenir soi-même un monde, pour l’amour de l’être aimé. C’est une haute exigence, une ambition sans limite, qui fait de celui qui aime un élu.” Reiner-Maria Rilke
Savoir s’entendre avec autrui est la clé. Le psychologue Erich Fromm parle de “l’art d’aimer”, qui est essentiellement un art de s’entendre. L’art d’aimer repose sur l’intelligence du coeur ou encore la sagesse. L'idéal serait de sentir avec notre cerveau et de penser avec notre coeur. C'est la clé du savoir-aimer. Le poète Reiner-Maria Rilke a bien parlé de l’art d’aimer, en montrant que l’essentiel n’est pas de trouver le partenaire idéal, mais de travailler à le devenir soi-même pour autrui : ‘‘L’amour, c’est l’occasion unique de mûrir, de prendre forme, de devenir soi-même un monde, pour l’amour de l’être aimé. C’est une haute exigence, une ambition sans limite, qui fait de celui qui aime un élu.’’
Tout homme devrait savoir, depuis qu’il est petit garçon, que rien n’est plus merveilleux que de pouvoir aimer et chérir une seule femme. Cette ferme certitude devrait rester gravée dans son coeur et ne jamais le quitter, même s’il doit faire de longues études et combiner son idéal conjugal avec sa carrière. De même pour une femme.
Un exemple de réussite conjugale est le couple d’Alfred Hitchcock. Marié jeune, le cinéaste disait qu’il devait tout à son épouse, et lui offrit humblement ses succès. Peut-être qu’Hitchcock partageait cette conviction sereine exprimée par certains couples. Les couples victorieux disent qu’ils se sont toujours aimés, et quasiment toujours “connus”, d’une connaissance antérieure au moment de leur rencontre. Ils relisent donc toute leur destinée depuis le moment de leur naissance à la lueur de cet événement central qu’est leur mariage. Cette union intime de l’amour conjugal et de la connaissance reçoit parfois le nom grec de sophia, la sagesse. La sagesse conjugale est donc la clé pour réussir sa vie de couple dans le mariage.
Extrait de la conférence Aimer pour toujours, un art qui s'apprend