Comment s’ouvrir à son conjoint, en confiance, sans se sentir utilisé ? questionne Thomas, inquiet de l’évolution des relations avec son épouse. Marié depuis cinq ans, il dit sa déception de ne pouvoir vivre réciproquement son désir d’un don total de soi-même, alors même que ce sujet avait été discuté et unanimement partagé pendant leur temps de fiançailles. Aujourd’hui, il a l’impression de partager à son épouse l’essentiel de ses projets, de ses pensées intimes, de donner donc, sans beaucoup recevoir. L’impression que son épouse l’utilise d’abord pour sa propre satisfaction. Il aimerait se sentir utile, non utilisé !
Son épouse, présente à cet entretien, se dit elle aussi insatisfaite de leur relation conjugale. Et de raconter, pour l’un, le rôle imposé de père fouettard et de pourvoyeur principal de fonds, et pour l’autre, l’impression de n’être là que pour s’occuper de la maison et des enfants et de ne plus exister en tant que femme.
Que s’est-il donc passé pour qu’ils en soient arrivés à un tel dialogue de sourds ?
Si je me sens utilisé, je ne me sens pas aimé pour moi-même mais pour ce que je peux apporter à l’autre. Je peux donner – et sans doute le meilleur de moi-même – et me donner dans une relation d’amour réciproque à condition qu’il y ait un minimum de confiance. Ka charité ne cherche pas son intérêt nous rappelle saint Paul (1 Co 13,5).
Les projets de vie abordés au début de la relation amoureuse doivent continuellement être revisités dans le quotidien du couple, pour la bonne raisons que nous changeons au fil du temps. Chacun. Il est donc important d’être présents l’un à l’autre dans nos évolutions personnelles. Et pour cela il va nous falloir développer cette confiance mutuelle qui va de pair avec le don de soir généreusement échangé lors de notre engagement au mariage.
Prendre le temps de s’asseoir
Mais comment faire ? Comment entrer à nouveau dans cet espace d’intimités conjugales ? La père Caffarel, qui a initié les Equipes Notre Dame il y a un demi-siècle, a inventé – après saint Luc (Luc 14, 28) ! – le devoir de s’asseoir mensuel, un entretien raisonnable et bienveillant, sous le regard de Dieu. Géniale idée de construction de l’intimité du couple ! Mais aujourd’hui où la vie rapide et stressante peut vitre engloutir nos bonnes intentions, ce temps de communication conjugale profonde doit être quotidien (30mn), hebdomadaire (une soirée), bimestriel (24h), annuel (quelques jours)… La confiance sera au prix de l’investissement réciproque de chacun dans le don de soi.