(Cet article fait suite à un autre extrait sur l'amour de la femme : L'amour de la femme - extrait de La femme sacerdotale de Jo Croissant)

L’amour de l’homme

L’homme ne connaît la femme que s’il l’approche avec un profond amour, et de même il ne se connaît lui-même que s’il en est aimé.

Si la femme est tout accueil, l’homme peut l’aimer jusqu’à faire don de lui-même, à l’image du Fils de l’Homme qui n’est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude (Mt 20,28). Il n’a pas à faire à une rivale, mais à une aide en qui il trouvera l’être et la présence. L’époux peut se donner sans réserve si l’épouse lui est soumise.

Se livrer, quelle qualité d’amour cela suppose ! Jusqu’au don de sa propre vie. Il doit l’aimer comme son propre corps, comme lui-même, la nourrir, en prendre soin.

On peut s’étonner que l’on ait tant épilogué sur le devoir de soumission de la femme, et que l’on se soit si peu arrêté sur le devoir d’amour du mari, comme si l’on avait omis de lire la deuxième partie. L’exigence de dépassement de soi est tout aussi forte pour l’un que pour l’autre, et tient compte de leur psychologie respective.

C’est à l’homme qu’il est recommandé d’aimer, non parce qu’il aimerait moins, mais parce qu’il éprouve moins le besoin de le manifester, il a une pudeur pour exprimer ses sentiments, comme s’il avait peur d’avouer une faiblesse, et peur que sa femme n’en profite pour le dominer.

Il a du mal à comprendre sa soif insatiable qui veut toujours s’entendre dire : « Je t’aime », qui réclame toujours des preuves d’amour. Il croyait pourtant lui avoir déjà dit qu’il l’aimait !

 

Le seigneur lui aussi pose cette même question à l’homme à travers Simon :

« M’aimes-tu plus que ceux-ci ? »

Et Simon par trois fois lui répond :

« Seigneur, tu sais bien que je t’aime ». (Jn 21, 15-17)

La langue française ne rend malheureusement pas la nuance du texte. Jésus demande : « M’aimes-tu d’amour » et Simon répond : « Je t’aime bien, je t’aime d’amitié ». Et Jésus repose la question trois fois jusqu’à aider Simon à passer au même degré d’amour.

C’est cette même question que la femme pose sans cesse à l’homme comme si elle percevait un manque dans l’amour de l’homme, et qu’elle veuille l’élever à un plus haut degré de communion.

Mais le couple ne peut se satisfaire d’un petit bonheur tranquille, l’amour ne peut rester statique sans régresser. Il faut sans cesse ranimer la flamme, multiplier les actes d’amour pour qu’il grandisse et s’approfondisse.

L’épouse attend l’amour de l’époux,

L’époux attend de l’épouse la perfection.

 

Cette attente de perfection est comme la quête inconsciente de l’émerveillement originel au moment de la première rencontre. L’homme veut redécouvrir la femme telle que Dieu la lui avait donnée. Aussi a-t-il du mal à comprendre ses réactions imprévisibles et ses complications. A l’exigence d’amour de la femme répond chez l’homme une exigence de sainteté.

Le mariage est l’union de deux êtres pour une ascension dans l’amour vers la sainteté, et non un don conditionnel, un compromis, du style : « Si tu fais la vaisselle, je balaie le couloir ».

 

Que l’homme ne s’y trompe pas : s’il veut son propre bien, qu’il aime sa femme de tout son cœur, d’un amour à la fois tendre et fort, sans complaisance avec ses faiblesses, confiant en ce qu’elle a de meilleur en elle et qui l’aspire vers le haut.

Si l’homme a le devoir d’aimer sa femme, encore faut-il que celle-ci s’ouvre à cet amour. Or il arrive que, blessée parce qu’elle attendait autrement, elle se referme et ne sait plus recevoir ce qu’il voudrait lui donner, le laissant malheureux et désemparé.

 

Quels sont les obstacles qui trop souvent élèvent un barrage et brisent le don de l’amour entre les époux ?

 

Reconnaitre la différence

 

Il est capital de comprendre la différence ontologique entre l’homme et la femme, qui se manifeste d’une façon évidente à travers la psychologie.

L’homme et la femme ont été créés égaux mais différents, et il serait puérils de le nier sous prétexte de l’égalité. Reconnaitre la différence est essentiel pour ne pas se projeter dans l’autre et tout ramener à soi.

Nous avons peur de la différence parce que nous ne sommes pas sûrs de nous-mêmes. Nous avons peur de la confrontation avec l’autre parce que nous avons peut qu’il nous écrase, que quelque chose meure en nous.

C’est guérie de cette peur que la femme pourra sortir d’elle-même et se donner véritablement dans l’amour.

 

L’homme et la femme n’ont pas les mêmes préoccupations.

L’homme est absorbé par sa vocation qui l’appelle à exercer une action sur le monde pour « gagner son pain ». il attend donc des autres une aide et une collaboration, ce qui le rend peu ouvert aux préoccupations d’autrui. Mais ce travail le détourne des siens, dont il ne sait pas accueillir els attentes. Il est le plus souvent très dérouté par la femme. Il est plus simple, plus direct, il va droit à l’essentiel. L’importance des petites choses qui mettent un peu de douceur dans le quotidien lui échappe.

La femme, elle, entre spontanément dans des préoccupations qui lui sont étrangères, parce qu’elle communie à ceux qu’elle aime.

En fait ce sont deux égoïsmes qui se rencontrent, celui de la femme ramenant tout à elle, et celui de l’homme préoccupé par ses œuvres.

Pour l’un comme pour l’autre, la guérison est dans le don désintéressé de soi pour le bonheur de l’autre.

 

L’homme et la femme ne régissent pas de la même manière face à la souffrance.

L’homme, se réalisant à l’extérieur, a plus de ressources pour sortir de lui-même, il oublie en se donnant à fond dans le travail ou la création artistique.

Quant à la femme, sa réalisation s’opérant à l’intérieur d’elle-même, quand elle est touchée en son centre, elle est anéantie. La maternité physique ou spirituelle est la seule chose qui soit capable de la sortir d’elle-même, de la faire s’oublier pour ne plus penser qu’à ceux qui lui sont confiés.

 

La fusion des êtres ne laisse pas de place à Dieu.

 

Un autre danger qui guette l’amour des époux, c’est d’attendre l’un de l’autre ce que Dieu seul peut donner, pour la femme surtout, croire que l’amour de son époux peut répondre à toutes ses aspirations, et pour l’homme c’est une épreuve car il se voit dans l’impossibilité de la combler. Ce désir de fusion ne laisse pas de place à Dieu.

Le mariage n’est pas un remède à la solitude ontologique.

Cet article est extrait du Livre "La femme sacerdotale ou le sacerdoce du coeur" de Jo Croissant, aux éditions des Béatitudes.

 

 

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