Un immense besoin d’aimer inassouvi
Ce n’est que quand la fille est devenue femme, c'est-à-dire quand son corps, son cœur, son psychisme sont prêts pour le don, qu’elle peut envisager d’être épouse.
Si la fille n’est pas devenue libre, elle n’est pas vraiment prête à devenir épouse. N’ayant pas pris ses distances par rapport à l’homme, elle ne peut pas être un véritable vis-à-vis. Elle risque fort de passer de la fille obéissante qui se conforme à ce que l’on attend d’elle pour faire plaisir à ses parents, à la femme totalement dépendante de son mari. Dans cette relation, que deviendra son désir insatiable d’aimer ?
Car l’épouse est celle qui aime
La femme est par nature assoiffée d’amour. Elle a des idées merveilleuses sur le mariage, les relations entre les êtres, et elle est complètement déroutée quand la réalité ne correspond pas à ce qu’elle avait imaginé. C’est pourquoi elle doit découvrir les sources que Dieu a mis en elle pour les assumer dans sa vocation de femme, et retrouver sa vocation d’épouse qui est constitutive de son être.
La vocation de la femme est vraiment une vocation magnifique. Etre épouse, c’est avant tout aimer. Epouser, c’est sortir de soi-même pour se donner à l’autre. Mais on ne peut donner que ce que l’on a, ce que l’on est, et si notre être n’est pas achevé, accompli, habité par cette présence de Dieu qui fait sa plénitude, il reste toujours dans l’attitude de l’attente et non dans celle du don.
La déception
Le cœur de la femme est un abîme, il peut être rempli infiniment ; mais si elle est centrée sur elle, c’est une catastrophe ; elle sera toujours dans cette quête incessante, recherchant avec avidité l’amour partout où elle croira le trouver.
Cette quête affective jamais assouvie peut la conduire à une déception profonde, à une véritable crise d’identité. Et pourtant, c’est en aimant qu’elle trouve son plein épanouissement, qu’elle attire l’amour et qu’elle devient aimable. Tout en elle est fait pour recevoir l’amour et pour le donner et en récolter le fruit. Elle porte en elle la puissance la plus extraordinaire qui soit, et trop souvent elle gaspille ce bien, en restant centrée sur elle-même, en attendant de recevoir avant que de donner, et elle étouffe ce don précieux qui lui est propre.
Comment est-il possible à l’épouse de se situer dans une relation juste à l’égard de son époux ? Comment peut-elle réaliser sans se perdre cet immense besoin d’aimer qui est en elle ?
De la transparence à l’opacité
Avant la chute, Adam et Eve étaient transparents l’un à l’autre, sans secret, sans arrière-pensée. Mais après la chute, l’unité originelle s’est changée en multiplicité, la simplicité en complexité, l’union en division, transformant l’harmonie entre l’homme et la femme en un objet de lutte incessante.
L’homme est passé de l’émerveillement au reproche et désormais il se méfiera de la femme comme de celle qui peut le faire tomber ; en même temps, il restera toujours en quête de cet être merveilleux qui Dieu avait voulu pour lui. Quand à la femme, elle s’est tournée vers l’homme, elle a reporté sur lui toute son attente, une attente que jamais nul homme ne pourrait combler, mais qui à cause de la faiblesse dont elle venait de faire l’expérience, la prédisposait a être dominée malgré elle et qui prédisposait l’homme à profiter de sa force.
La rupture avec Dieu a ainsi introduit un rapport de domination entre l’homme et la femme.
De la domination à la soumission
Quand ce n’est plus l’amour qui préside les relations entre les êtres, mais la méfiance, la crainte, il n’y a pas d’autre issue que de dominer l’autre.
La femme comme l’homme a le même désir de dominer, mais comme elle ne peut le faire par la force, étant de par sa nature plus fragile, sa domination est plus insidieuse. C’est par la ruse qu’elle arrive à ses fins, et quand elle n’emploie pas son énergie pour être cette aide que Dieu a voulue pour l’homme, mais qu’elle travaille pour son propre compte, elle peut devenir destructrice.
Actuellement, la soumission et l’obéissance sont l’objet d’un malentendu lourd de conséquences. On traduit aussitôt : inhibition, oppression, domination. On assimile autorité et pouvoir, et cette seule idée est insupportable à la femme qui entend mener sa vie comme elle veut et ne plus subir le joug de l’homme.
On n’essaye jamais de comprendre pourquoi Dieu qui est bon, et qui veut notre bonheur, a ordonné les choses de cette manière qui apparemment semble désavantager gravement la femme. En réalité, ce n’est pas Dieu qui l’a ordonné ainsi et ce que nous interprétons comme une malédiction est en fait un constat de la situation dans laquelle s’est placé l’homme.
La soumission mutuelle des époux
Ce si beau texte de saint Paul nous renseigne sur la façon dont l’époux et l’épouse sont appelés à vivre chacun selon leur vocation cet amour dans leur relation au monde et à Dieu (Ep 5, 21-33).
Soyez soumis les uns aux autres, dans la crainte du Christ. Et saint Paul d’ajouter aussitôt pour qu’il n’y ait pas d’équivoque : Que les femmes le soient à leurs maris comme au Seigneur.
Il fait de la soumission une exigence autant pour l’homme que pour la femme. Cependant la soumission mutuelle des époux s’enracine dans celle de la femme. Comment un mari pourrait-il se soumettre à sa femme sans être dominé, si celle-ci ne lui est pas soumise ?
L’équilibre rompu avec la chute ne peut se retrouver que dans le don total de soi-même à Dieu, et dans le don désintéressé à l’autre.
La soumission amoureuse, seule voie de la sainteté, engendre le respect de l’autre. En fait l’homme est subjugué par cette sainteté qui vient de la soumission, et il est beaucoup plus attentif au bon plaisir de la femme, mais aussi à ses intuitions, à ses conseils.
Sinon, chacun s’épuise dans un rapport de force qui stérilise le couple.
Il est une autre voie pour instaurer des relations nouvelles, c’est la voie évangélique du renoncement à soi-même par amour pour l’autre. Et dans cette voie, la femme est première, c’est elle qui introduit l’homme dans ce nouveau type de relation, qui n’est plus une recherche de soi en dominant l’autre, mais un don de soi pour l’autre.
La soumission de la femme est rédemptrice ; c’est par l’insoumission que la femme a entrainé l’humanité dans le malheur, c’est par sa soumission et son oblation que Dieu peut acheminer l’humanité vers sa Rédemption.
Soumission et humilité
Soumission et humilité sont intimement liées. Deux parures de la femme qu’elle est tentée d’abandonner parce qu’elles ont une image peut attrayante.
L’humble n’a rien à voir avec le complexé, avec celui qui se méprise. C’est celui qui vit sous le regard de Dieu, qui est lucide sur lui-même, sur ses dons comme sur ses faiblesses et qui sait que tout lui vient de Dieu.
Se soumettre, c’est se mettre sous la protection de l’autre. Quand la femme se soumet à l’homme, c’est à Dieu qu’elle se soumet à travers les limites de l’homme.
La soumission est une attitude d’humilité que la femme gardera dans chacune de ses relations. Elle enfantera ainsi dans la société cette disposition du cœur qui est profond respect de l’autre, et le contraire de la domination. (1 P 3, 1-5)
Et l’homme a besoin de la femme. C’est par elle qu’il donne sa pleine mesure, car elle seule peut féconder sa force virile. Qu’elle retrouve cette place d’aide à ses côtés et ensemble, ils pourront porter du fruit.
Cet article est extrait du livre "La femme sacerdotale ou le sacerdoce du coeur" de Jo Croissant, éditions des Béatitudes.
Vous pouvez poursuivre votre lecture avec un autre extrait sur l'amour de l'homme : L’amour de l’homme, extrait de La femme sacerdotale de Jo Croissant