Le pardon est donc vraiment un point essentiel de la vie. Le Seigneur lui-même nous recommande de nous réconcilier avec les autres avant de nous avancer vers Lui :
« Si tu as quelque chose contre ton frère, laisse-là ton offrande et va te réconcilier avec lui. Après, tu reviendras vers moi. »
Combien de personnes ne sont-elles pas torturées par un pardon qu’elles ne parviennent pas à donner ? Aimer n’est déjà pas facile. Pardonner l’est encore moins puisque le pardon est la perfection de l’amour : grâce à lui, l’amour se fait espérance : il est encore possible de bâtir quelque chose ensemble : l’avenir reste ouvert.
Pourquoi se pardonner ? On va vous raconter une petite histoire pour mieux comprendre :
Un homme partit un jour se promener en montagne, muni de son sac à dos. Il profitait du spectacle merveilleux de la nature et était absolument heureux. A un moment, il trébuche sur une pierre. Il se penche, ramasse la pierre et la met dans son sac. Un peu plus loin, une nouvelle pierre barre le chemin, il la prend et la met dans son sac. Et ainsi, plusieurs fois de suite. Au bout d’un certain temps, son sac devient trop lourd, il est épuisé, et au lieu de continuer à se réjouir du spectacle de la montagne, finit par la maudire.
Il en est ainsi pour nous dans nos relations avec les autres : nous sommes en marche et il arrive que nous trébuchions : nos différences, nos limites, font que nous ne nous comprenons pas toujours et même que nous nous fassions mal. C’est inévitable, et pas trop grave à condition de retirer l’obstacle et surtout de le jeter au loin, plutôt que de l’emmener avec nous pour continuer la route. Si, lorsqu’une dispute se déclare ou qu’un conflit éclate, nous continuons à y penser constamment et à le ruminer, notre cœur va se charger de plus en plus, il va s’encombrer de plus en plus d’impressions négatives et finalement, cette image de l’autre va prendre toute la place et nous aurons l’impression de ne plus l’aimer.
C’est pour cela que le pardon est tellement important : lorsque vous dites à l’autre: « je te demande pardon » et que vous entendez cette réponse : « je te pardonne », la « pression » intérieure diminue sérieusement ! Evidemment, le pardon ne nie pas le problème, il n’est pas non plus oubli du mal qui a été fait. Il n’est donc pas un sentiment (je pardonnerais alors dès que j’ai oublié ou que je n’ai plus de rancune) mais une décision. Décision d’arrêter les hostilités, volonté de poursuivre le chemin ensemble, en faisant ce qui est en mon pouvoir pour que notre relation reste ou redevienne positive. Si, sans doute difficilement, douloureusement même parfois, je prends la décision de pardonner, peu à peu, les sentiments suivront…
Voici encore une autre image pour mieux comprendre : quand on a une blessure physique, le corps se met à réparer la plaie. Au début, c’est une cicatrice qui chatouille et obsède : on a envie de gratter sans arrêt (c’est d’ailleurs ce que font les enfants !) Et puis le temps passe. La croûte ne chatouille plus et finit par tomber. Un jour, elle ne sera plus qu’une cicatrice, plus ou moins grande, plus ou moins visible, plus ou moins sensible. Mais elle ne nous embêtera plus. L’important, dans le processus de guérison, c’est donc de décider d’arrêter de gratter sa croûte. C’est la même chose pour les blessures « morales » : au début, on les rumine sans cesse. Si on décide de changer d’attitude et de rentrer dans une démarche de pardon, on permet au processus de guérison de s’enclencher. Cela prendra du temps, mais on arrivera finalement, à une plaie guérie, saine, une cicatrice dont on parlera peut-être avec humour : le temps a fait son œuvre parce qu’on le lui a permis.
C’est vrai que la première fois, ce n’est pas facile : on a l’impression qu’on va perdre la face, qu’on va être diminué ou ridicule. Et puis, on se dit : ce n’est pas uniquement ma faute. Il ou elle n’a qu’à faire le premier pas. Ou bien : ce que j’ai fait est impardonnable. Il ou elle ne voudra jamais de mon pardon, ça ne vaut même pas la peine d’essayer. Ou bien encore : ça ne vaut pas la peine de demander pardon, de toute façon je retombe toujours dans les mêmes travers. etc… Bref, on a toujours une bonne excuse pour ne pas faire le pas.
Ce qui va nous aider, ce n’est pas de savoir qui a vraiment tort ou raison, c’est notre désir de retrouver l’unité. Ce désir va se réaliser par notre prise de décision (et oui, encore !). Je décide de faire un pas, même s’il m’en coûte, pour rétablir ce qui est cassé entre nous. Le plus facile, c’est de commencer dans un cas où on est vraiment en tort.
Ce que n’est pas le pardon
- oubli : je ne pardonnerais que si j’oublie
- Négation : on refuse de voir le mal en face.
- obligation de retrouver la même relation qu’avant : on peut pardonner à une personne décédée, ou à une personne qui continue à nous en vouloir ou nous causer du tort… (ex : conjoint délaissé)
- renoncer à ses droits : pardonner # bonne poire
- excuser : « je lui pardonne, mais ce n’est pas sa faute. Ca diminue l’autre.
- Démonstration de supériorité morale (« moi, au moins, je te pardonne, je vaus mieux que toi… »)
- Se décharger sur Dieu : il nous demande de faire le –petit- pas que nous pouvons faire, la grâce fait le reste.
Concrètement, pour nous aider à pardonner :
A qui peut-on pardonner :
De façon générale, à toute personne qui nous a fait du mal, même sans le vouloir. (ex : Mère qui doit être hospitalisée : petit enfant ressent cela comme un abandon), y compris soi-même.
A Dieu
Ca peut paraître bizarre : Dieu ne nous veut que du bien, alors pourquoi lui pardonner ?
- d’une souffrance subie : - décès d’un parent, d’un être cher ;
- maladie, handicap ;
Ce pardon a Dieu nous permet de reconnaître qu’on est en révolte, qu’on est en colère devant la souffrance,etc…
A nos parents
Relations trop négligées ou trop possessives ;
Abus de pouvoir ;
Erreurs d’éducation ;
Divorce, séparations, dispute ;
Alcoolisme,
Aux autres
A l’autre
Parole
Actes
Relations sexuelles
Relations amoureuses passées
A soi-même
Acceptation de ce que l’on est, en vérité.
Comment faire ?
- décider de ne pas se venger : enferme dans l’hostilité ;
- en même temps, reconnaître qu’on est en colère, ou blessé, ou furieux : ça nous permet de la canaliser.
- faire cesser les gestes ou les mots offensants ;
- partager sa blessure avec quelqu’un de confiance, qui, dans un esprit de non-critiuqe, peut nous aider à prendre du recul, à rester objectif ;
- essayer de comprendre l’offenseur
o ex : mari qui rentre trop tard : comprendre le stress du boulot. Ca ne veut pas dire que, du coup, on n’essaie pas de changer la situation, mais qu’on provoque le changement souhaité dans la doucuer et le respect.
o Comprendre les antécédents. Ex : épouse qui vient d’une famille avec père violent : aura du mal à gérer les disputes, ó peur.
- Essayer de mettre du positif dans la situation :
o Qu’est-ce que j’ai appris, par cette expérience ? puis-je grandir ?
- Demander la grâce dans la prière ;
- S’aider du sacrement de réconciliation.
Les fruits du pardon.
- Le pardon amène donc réellement une libération, il reconstruit notre relation. Ne croyons pas que nous allons perdre la face, perdre notre prestige ou notre autorité si nous demandons pardon.
Quand ça paraît impossible
Il se peut que l’autre nous ait blessé tellement profondément qu’on se dise que le pardon est impossible. Nous sentons que, malgré toute notre bonne volonté, nous n’avons pas la force de faire ce pas. N’oublions pas que Dieu est là, qu’Il peut nous aider dans ce chemin. Par la prière, nous pouvons puiser en Lui la force que nous ne trouvons pas en nous-mêmes. Et laissons le temps au temps : n’hésitons pas à faire des petites démarches successives qui permettent un rapprochement.
Le sacrement de réconciliation
est vraiment une aide inestimable pour chacun d’entre nous. Dieu nous révèle son amour et sa Miséricorde. Comme le Père attend le fils prodigue, Il nous attend…Il nous fortifie et nous aide. Ce qui nous est demandé, c’est d’avoir l’humilité d’aller dire à un prêtre ce que nous avons fait. Le pardon ne dépend pas de la qualité du prêtre. Il est vraiment grâce donnée au travers du sacrement.
Nous ne devons pas attendre d’avoir fait de « gros péchés » pour aller nous confesser ! Ce sacrement va nous aider pour les petites choses de tous les jours, pas très graves en soi peut-être, mais qui empoisonnent parfois notre vie de couple et de famille. C’est important donc d’aller se confesser régulièrement pour éviter que les blessures, bénignes au départ, ne s’aggravent.
Et si nous pensons : « Oui, mais je raconte toujours la même chose », ce n’est pas grave : Dieu nous a demandé de pardonner jusqu’à 77 fois 7 fois. Donc, ça ne l’agite pas tellement qu’on recommence tout le temps. L’important, c’est la sincérité de notre démarche et le désir que nous avons de nous améliorer, avec son aide.