Si Nadine est aussi inquiète, c’est parce que sa belle-fille est américaine et qu’elle menace de repartir dans son pays d’origine avec son fils de 9 ans. Elle qui semblait si heureuse s’ennuie soudain dans ce village de Normandie. Sa famille lui manque, le couple n’a pas les moyens de s’offrir de fréquents voyages aux Etats-Unis. Elle n’a pas trouvé en France la vie professionnelle qu’elle espérait et, tout d’un coup, elle voit tout en noir. Quand elle parle, ce n’est plus qu’en anglais, elle ne sort plus, néglige la culture et les conserves bio qui la passionnaient, s’abrutit des heures durant devant des chaines de télé américaines. Nadine est aux cent coups. Elle qui a la chance de vivre à deux pas de ses enfants ne peut d’imaginer sans ce petit-fils qui débarque à toute heure du jour dans la cuisine, qui met une joyeuse pagaille dans sa vie et passe souvent le soirée ou la nuit chez elle. Aussi, elle a l’idée de leur parler d’une psychologue, spécialisée dans les problèmes de couples, dont les clients de sa boutique font l’éloge. Elle a lancé ça comme on joue son va-tout et, à sa surprise et à son soulagement, le couple suit son conseil et va aux rendez-vous. Après plusieurs semaines, quand Nadine, avec un manque de discrétion maladroit et angoissé, demande à sa belle-fille comment les choses vont, la jeune femme s’illumine. Tout va bien ! Grâce aux longues discussions avec la conseillère, elle a, dit-elle de son accent chantant « revu son mari avec les yeux de l’amour ». elle a été éblouie et charmée comme aux premiers jours. C’était comme si un voile noir s’était déchiré devant ses yeux dessillés. Ils parlent d’avoir un second enfant, d’agrandir le potager. Depuis, Nadine, heureuse et soulagée, a mis une petite affiche sur sa vitrine, vantant les mérites de la psychologue et de ses miraculeux entretiens.