Pour beaucoup de non-croyants et même de croyants, il est incompréhensible que l’Église se prononce sur des questions de morale. À leurs yeux, cette parole, notamment quand elle touche la sexualité, viole la liberté individuelle. Qu’en est-il ?

Qu’est-ce qu’une vraie liberté sexuelle ? C’est la liberté d’aimer, selon les exigences de l’amour. Et qu’est-ce que l’amour véritable ? Comment le savoir sinon en l’apprenant de Celui qui aime le mieux et de Celui qui connaît le mieux la nature humaine. L’Église, à l’invitation du Christ, contemple l’œuvre de création de l’homme et de la femme et découvre ce qu’est leur bonheur et leur malheur. « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas » (1). Cette phrase que Jésus a énoncée pour affirmer l’indissolubilité du mariage est également éclairante pour comprendre la morale sexuelle chrétienne.

C’est l’amour qui nous oblige

L’enjeu est, en effet, de ne pas séparer ce qui est uni. Ne pas séparer vie sexuelle et vie intérieure, ne pas séparer sexualité et amour, ne pas séparer plaisir sexuel et amour, ne pas séparer sexualité et fécondité, ne pas séparer liberté sexuelle et vérité sur la sexualité. C’est pourquoi, en aucune façon le magistère de l’Église ne viole notre liberté en énonçant les obligations et les normes qui régissent une sexualité vraiment humaine. Ce n’est pas l’Église, c’est l’amour qui nous oblige.

Logique et paradoxal : une morale de la liberté est aussi forcément une morale de l’obligation. Rejeter l’obligation, c’est rejeter la liberté. « La volonté “doit suivre” le bien véritable, mais “doit suivre” implique “peut ne pas suivre” » (2). Ce que notre intelligence découvre comme bien, notre volonté est capable et libre de le choisir. Notre volonté conserve sa liberté en choisissant le bien, tandis qu’elle s’aliène librement en choisissant le mal. La logique du bien est difficile (parfois extrêmement abrupte) au début et épanouissante à long terme. La logique du mal est facile au début et douloureuse à la longue.

Les indications morales de l’Église au sujet de la sexualité protègent notre liberté. De plus, elles répondent à un souci de justice. « Dans le contexte sexuel, en effet, ce qui est défini comme amour peut très facilement devenir même injuste envers la personne. » (3)

La morale sexuelle est au service de la valeur de la personne. Et nous valons très cher aux yeux de Dieu. Le prix du salut. Essayer de respecter les lois qui régissent notre nature sexuée sans prendre conscience de notre besoin d’être sauvé, c’est risquer deux excès : la présomption du légaliste ou le désespoir du révolté. Dans les deux cas, c’est penser que Dieu n’a rien à voir avec la sexualité.

 

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