Saint Valentin, fête des amoureux… encore que l’histoire de ce saint fleure la légende, comme le dit « La Croix », des 11 et 12 février : Valentin, prêtre du IIIème siècle, aurait continué à célébrer des mariages malgré l’interdiction de l’Empereur constatant que les romains mariés étaient peu volontaires pour s’engager dans l’armée. Dénoncé et mis en prison, Valentin se serait lié d’amitié avec la fille aveugle du geôlier et lui aurait miraculeusement rendu la vue. Juste avant d’être exécuté, il eut le temps de lui adresser une lettre, signé « Ton Valentin ». Tout a été dit, écrit, chanté, peint, sculpté, photographié, sur l’amour et toutes les manières dont il peut s’exprimer, y compris bien sûr dans le mariage où l’amour vit, croît, évolue et parfois meurt, entre la passion, la tendresse, l’amitié ou la raison, au fil des cultures, de la personnalité de chacun et du temps qui passe…
Nous autres grands-parents, comme beaucoup d’autres de notre génération – catholiques pratiquants ou non d’ailleurs – avons déjà vécu des dizaines d’années de mariage, parce que, dans nos familles, autant qu’un sacrement, le mariage chrétien était un engagement pour le meilleur, pour le pire et pour la vie, et que nous adhérions presque tous à cet idéal qu’il n’était pas envisageable de remettre en cause.
Actuellement, outre une désaffection fréquente des jeunes pour le mariage, combien d’autres se marient en intégrant l’idée de fragilité et de la probable durée limitée de cette union. Il est vrai que l’éducation, le plus souvent non chrétienne, reçue par beaucoup de jeunes d’aujourd’hui vivant dans le court terme et sans avoir été contrariés en quoi que ce soit – l’enfant-roi – ne prépare pas aux réalités de l’âge adulte et notamment à celles du couple et de la famille. Les médias, particulièrement la télévision ou le cinéma, mettant souvent en scène des familles recomposées heureuses et équilibrées, même s’il est évident que celles-ci sont nombreuses, contribuent à entretenir cet état d’esprit.
La réalité est souvent bien différente. Pour ne citer qu’un exemple proche, une de nos filles, professeur dans un collège de ZEP dans une banlieue très défavorisée de Lille, nous a cité de multiples cas de mères de famille se retrouvant seules après le divorce, avec bien sûr les enfants à charge et le père disparu, totalement démunies et sans aucune autorité sur leurs adolescents livrés à eux-mêmes, des cas de maltraitance, voire pire parfois, du fait du nouveau conjoint, et même la découverte dans une de ses classes de deux enfants rejetés par leurs parents après une séparation, et dormant dans la rue…
Même si le mariage chrétien a été institutionnalisé au début du moyen âge seulement, même si Jésus n’a pas condamné la Samaritaine pour ses cinq maris antérieurs, n’oublions pas qu’un des plus beaux miracles du Christ est celui des noces de Cana, nous rappelant que le mariage a toujours existé à toutes les époques et dans toutes les sociétés.
Que saint Valentin soit l’occasion de nous souvenir de l’importance de ce qui a fait, nous beaucoup d’entre nous, l’essentiel de notre vie, et de savoir transmettre cette richesse autour de nous.