« Seigneur, si Tu le (la) changeais, si Tu supprimais ses défauts, ses tendances égoïstes, ses penchants mauvais, alors notre couple pourrait être saint ! alors, je pourrais l’aimer comme Tu m’aimes Seigneur… ». Mais justement, Dieu n’exauce pas notre prière… notre conjoint continue à être toujours en retard, à fumer trop, pique régulièrement des colères, manque d’attentions et de délicatesse dès que les soucis lui prennent la tête, s’endort le soir comme une masse alors que nous aurions réclamé un moment d’intimité conjugale… Notre prière, c’est « que notre conjoint soit saint et irréprochable devant nous, sur cette terre », alors que Dieu Lui est patient ! Son Amour sait attendre ! Son regard d’espérance dépasse les apparences, pour rejoindre le secret des cœurs, là où grandit le Royaume en chacun de nous. Gardons-nous de vouloir arracher l’ivraie (qui nous dérange…) du cœur de notre conjoint, et décidons plutôt d’arroser le bon grain qui est en lui (elle) par des paroles encourageantes, un regard résolument positif, des gestes de tendresse, des vrais temps de qualités : là est l’amour conjugal qui se donne, qui « espère l’autre », tout en acceptant que la perfection ne soit pas de ce monde, ce qui n’empêche en rien d’aimer. Si Dieu attendait que nous soyons parfaits pour nous aimer !!... A moins que nous ne voyions pas la poutre qui est dans notre œil, aveuglés que nous sommes par la paille de notre conjoint qui nous obnubile !
Plus on aime, plus on devient sensible. Notre cœur « aimant » ressent avec plus d’acuité les manques d’amour, de prévenance, de délicatesse de l’autre. Et plus on est « en Dieu », plus on perçoit de quel Amour de communion nous sommes appelés à nous aimer en couple. Mais, au lieu de s’offusquer du Mal et de le dénoncer en le reprochant à notre conjoint, que ce soit une occasion d’aimer plus, d’aimer mieux : « L’amour couvre une multitude de péchés ». Le Mal que me fait l’autre ne m’enlève rien : au contraire, c’est le lieu où Dieu va me montrer Sa miséricorde et vient m’apprendre à aimer. Et on n’a jamais fini d’aimer en couple, l’autre restera toujours un mystère à découvrir, à redécouvrir : « La mesure de l’amour, c’est d’aimer sans mesure ! ». Pas de ressentir des sentiments agréables, mais d’avoir la Joie de se donner à son conjoint et de le recevoir, de façon concrète, incarnée, quotidienne, et au fil des jours et des années qui passent.
Dans le mariage, les époux ont contracté une Alliance, et ont accepté chacun, d’ouvrir leur liberté à celle de l’autre, ce qui comporte un risque, notamment le risque de souffrir du fait de l’autre. C’est ce qu’a vécu Jésus, en laissant Son cœur être transpercé par la lance des soldats sur la Croix : la liberté de l’homme, mal utilisée, l’ a conduit à rejeter Dieu, à Le faire souffrir jusqu’à Le faire mourir sur la Croix. Mais Jésus n’a pas refermé Son cœur, qui reste ouvert jusqu’à la fin des temps pour accueillir chacun de nous (et notre conjoint !!) et pour nous faire vivre de Son Esprit. Il nous apprend à aimer du même Amour, qui accepte la souffrance sans se fermer à celui-celle qui la provoque, qui ne rêve pas l’autre, qui croit au-delà de toute espérance, qui prie Son Père de venir pardonner en Lui : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Mon mari, ma femme non plus, bien souvent, ne mesure pas les difficultés intérieures auxquelles je suis confronté(e) à cause de ses comportements, de ses paroles, de son attitude !
Que chacun dans le couple puisse dire avec St Paul (2 Cor 4, 15) : « Que tout ce qui m’ arrive ( même de souffrance et de désagréments venant de toi), ce soit pour toi, afin que la grâce plus abondante fasse monter une immense action de grâce pour la gloire de Dieu ». Alors notre vie sera « eucharistique », chacun faisant de sa vie une offrande pour le salut de l’autre, et…qui sait ? peut-être serai-je moins agacé(e) par lui-elle ? C’est moi qui me convertirai ?
Article écrit par Bénédicte Lucereau, cabinet Mots Croisés, portable : 06 11 61 51 14