Peur de l’engagement, surtout s’il est définitif : voilà bien un trait saillant de notre époque, qui semble interdire nos aspirations à la fidélité. Que signifie cette peur, peut-on la négliger, ou y remédier ? Quelques bonnes questions pour démasquer les fausses réponses.

« Nous sommes victimes d’une tendance qui nous pousse au provisoire… N’ayons pas peur des engagements définitifs », disait récemment le pape François.

Quelle est donc cette peur du définitif ?

- La peur que l’amour meure. La peur de devoir vivre avec une personne pour laquelle on ne ressent plus ni intérêt, ni attirance, ni curiosité. La fidélité revient alors à accepter une vie desséchée d’où l’amour s’est retiré.

- La peur de l’erreur. Si je me trompe en épousant telle personne, n’est-il pas absurde ensuite de rester fidèle à une erreur ?

- La peur de souffrir. L’amour est un travail, une lutte, demande beaucoup de vertus. L’hymne à l’amour de saint Paul est somme toute assez effrayante dans toutes ses exigences : « L’amour supporte tout ».

- La peur d’être prisonnier d’un choix, d’une situation, d’une personne. La peur du fameux « choisir, c’est renoncer ».

- La peur de ne plus contrôler sa vie, de prendre le risque d’être trahi.

- La peur de se trahir soi-même. La peur qu’une contradiction s’installe entre ce que je suis devenu et ce choix passé qui ne me représenterait plus.

Qui suis-je, quelle direction pour ma vie ?

Le choix de la fidélité doit s’ancrer dans le « vrai moi » et non dans un « moi idéal », pour ne pas être illusoire. D’où l’intérêt d’une période de discernement et de mise à l’épreuve avant l’engagement. La fidélité ne relève pas du volontarisme ou de l’héroïsme, elle est le fruit d’un choix mature. Les peurs évoquées sont l’occasion de se poser les bonnes questions et d’y répondre.

Les peurs de l’engagement nous mettent devant une alternative décisive, devant notre liberté. Il y a une vraie décision, radicale, à prendre entre deux formes de vie reposant sur deux cohérences incompatibles :

- soit nous choisissons les aventures

- soit nous nous lançons dans l’aventure de la confiance.

Le singulier ou le pluriel.

La fidélité, ou pas.

Dès que nous cherchons à aménager une vie qui s’inspire à la fois d’un côté et de l’autre, nous sommes en contradiction avec nous-même. L’amour ne peut pas vivre d’incohérence. Souvenons-nous que les mots fidélité et confiance ont la même racine latine : fides, foi. Pas un piège, un programme.

 

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