L’amour ne se réduit pas à l’impression que j’ai d’aimer ou de ne pas aimer. De plus, il évolue avec le temps. Ce n’est pas parce que la tendresse se manifeste de façon différente ou moins visible dans un couple que l’amour n’existe plus.
Il est vrai néanmoins que les caractères, le temps et les souffrances peuvent parfois conduire à des difficultés dans la relation.
Alors comment l’amour peut-il ne pas s’user ?
En le faisant grandir. On n’aime pas seulement quand on trouve l’autre aimable. Faire grandir l’amour, c’est vouloir le bonheur de l’autre, chercher à voir ce qu’il fait de bien et non pas additionner tout ce qu’il fait de mal. C’est vouloir lui faire plaisir, donner gratuitement... Et souvent faire le premier pas. C’est la décision réciproque qui fonde l’amour et non pas les limites qui se révèlent parfois en nous. Par exemple, quelqu’un dont les parents sont divorcés n’est pas condamné à divorcer. Il peut construire un véritable amour, il peut pardonner et être pardonné. Il n’y a donc pas de fatalité.
Décider d’aimer, c’est chaque jour refaire ce choix. Pour faire grandir l’amour, branchons le sur l’Amour. « Je ne fais pas toujours le bien que je voudrais faire, et je fais le mal que je ne voudrais pas faire », dit saint Paul aux Romains (Rm 7, 19). Lors de la création par Dieu de l’homme et de la femme, le mariage et l’amour étaient harmonieux. Si l’on veut bien écouter les explications que Dieu nous propose, on comprend qu’à cause du péché originel (cf. Q. 31), nous avons désormais une tendance à faire le mal. C’est cela qui use l’amour : disputes, colères, manques d’attention à l’autre, égoïsme... Mais Dieu ne nous condamne pas à demeurer dans une situation d’échec. Il nous propose, tout en respectant notre liberté, de nous “brancher“ à nouveau sur l’Amour, de reconnaître nos fautes et d’accepter d’être recréés. Dans le sacrement de mariage, on reçoit cette capacité de renouveler l’amour en puisant à l’Amour (cf. Q. 15).