Au cours de nos fiançailles, mon fiancé et moi vivions chacun à un bout de la France.
Bien que cette situation ai donné lieu à bien des quais de gare larmoyants et nostalgiques, nous sommes aujourd’hui persuadés qu’elle a eu de nombreux impacts bénéfiques.
En effet, nous avions décidé de maintenir volontairement cette distance car nous étions persuadés que vivre dans la même ville nous empêcherait, d’une part, de continuer à nous construire indépendamment, et d’autre part, nous aiderait à tenir dans la chasteté. En vivant dans la même ville nous aurions sûrement été tenté de passer beaucoup de temps ensemble, ce qui aurait nui à la fois à la construction de notre personnalité et à notre volonté de ne pas vivre ensemble avant le mariage. Le temps des fiançailles n’est pas encore celui de la vie en couple.
Dans la ville où j’habitais, j’ai pris des responsabilités dans un mouvement scout et mon fiancé a pris de son côté des responsabilités dans l’aumônerie des étudiants. En vivant dans la même ville, je pense que nous aurions passé tellement de temps ensemble, que nous n’aurions probablement pas envisagé qu’il soit possible de proposer nos services à ces associations.
A l’inverse, certaines personnes hyperactives devront peut-être se faire violence et diminuer le rythme de leurs activités, car construire un couple demande du temps et le/la fiancé(e) peut se sentir délaissé ou remisé au deuxième rang.
De plus, comme être en couple n’a pas pour but de prendre l’autre pour une « béquille » affective qui soit notre seul centre d’intérêt et notre seul moyen d’épanouissement, le fait de vivre dans des villes différentes et d’avoir des activités propres était un moyen de continuer à nous épanouir séparément. Une fois mariés, il ne faut pas s’attendre à ce que l’autre soit notre seul moyen d’épanouissement : on est souvent séparé dans la journée et chacun doit être capable de s’assumer. Il n’y a pas à se sentir coupable de passer de bons moments sans l’autre, particulièrement pendant les fiançailles. Après le mariage, chaque couple trouvera son équilibre entre activités communes et activités séparées pour s’épanouir au mieux.
La séparation entre chaque temps passé ensemble est aussi une respiration. Quand on a passé plusieurs jours ensemble et que l’on est ensuite séparé pour plusieurs semaines, voire plusieurs mois comme c’était le cas au début de notre relation, on a le temps de repenser à ce qui s’est passé à tête reposée, d’en parler éventuellement avec des amis ou un père spirituel, mais aussi de chérir les souvenirs des moments passés ensemble ! Le manque est un excellent moyen pour se retrouver avec d’autant plus de joie après.
Ce temps de respiration et cette absence nous ont aussi donné l’occasion de beaucoup nous écrire. Les lettres sont un excellent moyen de confier à l’autre des réflexions ou des confidences que l’on n’oserait pas forcément faire à l’oral. Maintenant que nous sommes mariés, il m’arrive encore parfois d’utiliser ce moyen pour dire des choses délicates à mon mari. Lorsqu’on écrit, on est obligé d’ordonner ses idées et permet parfois d’être moins superficiel qu’au téléphone.
Comme tout est dans la nuance, je me dois d’ajouter qu’une relation exclusivement épistolaire peut conduire à une idéalisation de l’autre. Il est évident que pour se découvrir, il faut aussi passer du temps avec l’autre et se confronter avec le réel. Comment est-il/elle dans la vie de tous les jours ? Suis-je prêt(e) à accepter ses petites manies, ses petits défauts au quotidien ?
Mais alors me direz-vous, quand on habite dans la même ville ? ! Eh bien il est possible de prendre de la distance quand même ! Il suffit de réfléchir ensemble aux activités extérieures qu’il nous semble juste de garder ou de prendre en plus et de trouver un rythme pour se voir, qui laisse à chacun un peu de temps. Le rythme des rencontres ira naturellement en s’accélérant à l’approche du mariage.