Les catalogues de gymnastique sexuelle provoquent souvent l’insatisfaction en faisant l’impasse sur le sens profond de la relation sexuelle. Que dire de cette réalité : le positionnement réciproque des corps et sa signification ? Sans angélisme, ni trivialité.
La position des corps dans l’acte sexuel n’est pas une question frivole, contrairement à ce que laissait entendre mon lecteur, à la suite d’une chronique trop crue à ses yeux. Il lançait, agacé : « Quelle est votre position préférée ? » Sans doute, faisait-il allusion aux acrobaties décrites, ça ou là, dans les magazines, souvent inspirées de cultures exotiques pour nous.
Quelques suppositions :
• Au premier degré, son ton ironique reflétait-il la gêne de quelqu’un ne comprenant pas que Famille Chrétienne aborde le sujet de la sexualité de manière aussi concrète ?
• Au deuxième degré, donnait-il dans la surenchère pour prouver que finalement sa gêne n’était que « catholique » et qu’il n’était évidemment pas pudibond ?
• Au troisième degré, aurait-il installé sa foi et sa sexualité dans des régions bien distinctes, et ne supporterait-il pas qu’on cherche à les articuler ensemble. Y aurait-il donc, d’un côté, la crudité pragmatique de la sexualité mise en pratique, et d’un autre, Dieu, la vie spirituelle dégagée de ces contingences corporelles ?
Une simple nécessité
Certes, la relation sexuelle ne relève pas de la gymnastique, ce qui serait finalement assez décevant, lassant, voir inintéressant pour ceux que le sport ne passionne pas. Cependant, il est bien nécessaire de découvrir à deux la ou les positions où chacun se sent bien. Et cela peut demander un long apprentissage. Des questions morphologiques peuvent entrer en ligne de compte. L’échec vécu par certains a parfois des raisons très prosaïques dues à un mauvais positionnement et à une trop grande ignorance des changements possibles.
Des questions d’amour-propre
Des raisons psychologiques interviennent également. Certains hommes ne supportent pas, par exemple, d’être « sous » leur femme, se sentant ainsi mis en cause dans leur virilité. Certaines femmes se sentent également humiliées par des positions qui leur donnent l’impression d’être utilisées plus qu’aimées. La position des corps touche donc profondément notre amour-propre et la façon dont nous sommes en relation avec l’autre.
Face-à-face
Le mot « relation » est sans doute la clé de cette question de la position des corps. La relation sexuelle n’est pas un « fesse à fesse », mais un face-à-face, une rencontre de personne à personne. L’époux, l’épouse est mon premier prochain : aimer son corps, en prendre soin, bien me positionner face à lui ou elle, est aussi de l’ordre de la charité. « Si dans ma vie je néglige complètement l’attention à l’autre, […] alors, même ma relation à Dieu se dessèche… Seule ma disponibilité à aller à la rencontre du prochain, à lui témoigner de l’amour, me rend aussi sensible devant Dieu. Seul le service du prochain ouvre mes yeux sur ce que Dieu fait pour moi et sur sa manière à Lui de m’aimer. » (Dieu est amour, Benoît XVI, § 18)