Mon fiancé doute de lui et de ses capacités à me rendre heureuse tout au long de notre vie. Comment réagir ? Si je comprends bien, vous êtes déjà fiancés et vous vous préparez au mariage. Quelle belle aventure !
Dans ta réflexion : “il doute de lui et de ses capacités à me rendre heureuse tout au long de ma vie“, j’aurais envie de séparer deux questions :
- “il doute de lui“ : Est-ce que ton fiancé est inquiet de toutes sortes de choses, aussi bien de sa carrière professionnelle, de son avenir en général, de ses compétences, de ses qualités peut-être ? A-t-il confiance en lui d’une façon plus générale ?
- “il doute de ses capacités à me rendre heureuse“ : est-ce que ton fiancé a suffisamment confiance en ton amour ? Sait-il ce que tu aimes en lui ? Lui as-tu dit ? T’a-t-il confié quel bonheur il veut pour toi ? … et toi pour lui ? Avez-vous déjà fait des projets pour vous deux ? Quel est le bonheur que vous avez choisi de vivre ensemble ? Si chacun de vous veut un vrai bonheur pour l’autre, si vous vous le dites (veux-tu ? merci ! pardon ! …), si vous vous le montrez, comment ton fiancé peut-il craindre de ne pas trouver les bons gestes, les bonnes paroles, les bonnes décisions … qui combleront ton désir ?
En voulant le bonheur l’un de l’autre (de fait, je pense que tu as la même préoccupation que ton fiancé), l’un pour l’autre, vous désirez que l’autre, l’aimé s’accomplisse pleinement. Le bonheur de l’un va construire le bonheur de l’autre. Votre union dans l’affection va permettre de vous adapter l’un à l’autre, de vous transformer, de vous co-adapter pour avancer ensemble, peut-être à des rythmes différents, mais vers un même bonheur !!!
Ton fiancé ne doit pas te rendre heureuse tout au long de ta vie, mais vous allez vous rendre heureux ensemble ! Ce qui va faire plaisir à l’un de vous deux, par ricochet va combler l’autre aussi en voyant et en vivant à son tour ce bonheur !
D’autre part, dans une perspective chrétienne, il peut être utile d’ajouter que seul Dieu peut tout à fait nous combler, et qu’il ne faut pas non plus attendre de notre conjoint qu’il fasse entièrement notre bonheur. Tout être humain porte en lui une soif d’absolu que rien n’étanchera sur cette terre… Attention donc à ne pas charger notre moitié d’une tâche plus grande que celle qui lui incombe, et qu’il n’est pas en mesure de remplir. Notre conjoint n’est pas une béquille affective qui doit faire notre joie et notre bonheur : chacun doit être capable de « tenir debout » tout seul. Se lancer dans une relation amoureuse parce qu’on ne sait pas être heureux seul n’est pas une solution. Ton fiancé a peut-être l’impression que tu comptes trop sur lui pour faire ton bonheur et doute de ses capacités, ce qui est bien normal. Sais-tu être heureuse seule, ou sans lui, lui as-tu dit ?
Enfin la dernière possibilité est que cette crainte soit due à l’approche du mariage. Il est important d’accepter l’idée que, même très amoureux, on peut avoir peur de se marier. La vraie question alors est : cette peur est-elle une “hésitation”, ou un doute ?
L’hésitation est une réaction normale, une appréhension devant l’inconnu : la première fois que je monte sur un plongeoir, même si je vois que mes amis sautent dans la piscine les uns après les autres et en sont très heureux, j’hésite ... La solution, dans ce cas, c’est de foncer sans trop se poser de questions, sinon, à force de réfléchir à tout ce qui pourrait m’arriver (de terrible) je risque de rester paralysé sur mon plongeoir.
Autre scénario : je monte sur le même plongeoir, c’est la nuit, je ne vois pas très clair... Et tout à coup, j’ai un doute : la piscine est-elle bien remplie ? Dans ce cas-ci, la solution n’est pas de plonger mais au contraire de s’arrêter pour vérifier que mon projet est raisonnable.
Donc, la peur-hésitation est normale, et risque de devenir un frein paralysant si je me laisse envahir ; par contre la peur-doute est un signal intérieur qui me dit : attention, attention, as-tu suffisamment réfléchi aux points importants pour vivre une aventure magnifique mais peut-être périlleuse si on ne vérifie pas que l’essentiel est bien là ? D’où l’utilité de suivre l’école de vie conjugale. Pour aider au discernement, mais aussi se rassurer : nous sommes tous dans la même galère : on est très heureux de s’embarquer dans le mariage, mais oui, avouons-le, ça fait parfois un peu peur :-))