« Mais, si, je te promets ! », « Mais, non, je te dis que tu te trompes… », « Tu m’énerves, tu veux toujours avoir raison…puisque je te dis que… ».
Nombre de discussions en couple tournent à savoir « qui a raison ou qui a tort ». Cette compétition destructrice se manifeste à propos de tout et de rien, de « comment éduquer les enfants et dépenser l’argent du ménage », à « comment bien ranger la vaisselle dans le lave-vaisselle ou appuyer sur le tube dentifrice ». C’est même le jeu préféré des couples qui ne s’entendent pas : et pour cause ! Comment et pourquoi s’entendre, lorsqu’on pense avoir toujours raison ? Dire qu’on a raison, c’est affirmer de façon déguisée qu’on détient la vérité, donc, nécessairement que l’autre se trompe. Il n’y a plus rien d’intéressant à entendre puisqu’il a définitivement tort !!
Accuser l’autre de « vouloir avoir toujours raison », et le contester, c’est affirmer paradoxalement, que c’est nous qui détenons la vérité ! Or, personne ne possède à lui tout seul la vérité. Nous avons besoin les uns des autres, et l’un de l’autre en couple. Le réel est si complexe, qu’il retentit différemment en chacun, en fonction de notre histoire, de notre tempérament, de notre identité sexuée. La vraie richesse est de pouvoir s’enrichir au contact de l’autre, en se décentrant de soi pour entrer dans son paysage à lui: mon conjoint a peut-être perçu un aspect des choses qui m’avait échappé et qui va étoffer mon appréciation de la réalité, et affiner ma capacité de discernement. A deux, nous serons plus forts !
Parfois, donner raison à son conjoint est perçu comme une soumission, une démission : « si je lâche, c’est que l’autre me domine et que je suis écrasé(e) ! », alors je me sens obligé(e) de toujours contester ses désirs et ses souhaits pour affirmer les miens. Cette dynamique conflictuelle découle du besoin fusionnel de chacun d’être « validé » par l’autre : « si tu me donnes raison, je suis aimable…tu es conforme à ce que j’avais imaginé dans mes fantasmes ; mais si tu ne me donnes pas raison, j’ai peur de perdre mon identité en te donnant raison ». Le risque est alors une guerre sans fin, où les deux conjoints sont perdants. Les couples heureux ont décidé une fois pour toutes, au-delà de leurs différends, de choisir d’être heureux plutôt que de chercher perpétuellement à avoir raison. Ils ont cessé de remettre l’amour et la bonne foi en question à propos de tout et de rien. Ils ont fini de se sentir personnellement attaqués lorsqu’on leur fait un reproche ou qu’on leur exprime un désaccord. Cela demande d’être bien différenciés, de ne pas attendre de l’autre la sécurité d’exister, le renforcement et l’approbation de ses idées propres. « Tu as le droit de penser différemment de moi, et même de penser que j’ai tort, cela n’ébranle pas ma confiance dans le fait que tu m’aimes ». Heureusement que l’amour n’est pas lié au désaccord, à l’erreur ou à l’échec : je peux me tromper, je suis toujours aimable ! Heureux parents qui transmettent cela à leurs enfants !
Il est dur d’entendre un enfant ou un ado dire : « on ne peut jamais discuter avec Papa : il a toujours raison ! » Peut-être cela a-t-il été notre cas ? Si oui, demandons au Seigneur de venir consoler et réparer en nous ce qui a été blessé par cette attitude parentale dans notre enfance, et supplions Le de nous donner la force de ne pas répéter cette habitude dans notre couple : Il s’est engagé avec nous dans notre mariage, Il le fera !
Article écrit par Bénédicte Lucereau, cabinet mots croisés, 06 11 61 51 14