« Il y a une correspondance évidente entre la crise de la foi et la crise du mariage. » Ces paroles de Benoît XVI ont marqué les esprits lorsqu’il les a prononcées dans son homélie d’ouverture du synode des évêques, le 7 octobre. Mais comment comprendre ce lien entre la crise de la foi et la crise du mariage ?

Avec un brin de provocation, on pourrait dire que le mariage est plus de l’ordre de la foi que de l’ordre de l’amour. Autrement dit, il ne suffit pas de s’aimer pour se marier. Le débat actuel sur le « mariage » homosexuel en est une illustration. Essayons d’y voir clair.

L’homme et la femme portent en eux-mêmes une inclination naturelle à la conjugalité. Dieu a voulu qu’un sacrement vienne consacrer cette union naturelle. Il élève ainsi la communion du couple au rang d’un grand mystère : celui de la relation du Christ époux avec son épouse l’Eglise, comme saint Paul l’écrit aux Ephésiens.

Sous cet aspect, le mariage fait l’objet d’une « révélation » divine, c'est-à-dire l’intelligence d’une réalité à laquelle la raison humaine ne peut pas parvenir par elle-même. Or toute révélation appelle à une obéissance, à une adhésion pleine et entière de l’intelligence et de la volonté ce qui est révélé : tel est l’acte de foi. Tout sacrement est de l’ordre de la foi.

Ainsi donc, le mariage n’est pas d’abord ce que les fiancés ou les époux pensent de leur union. Ceux-ci sont appelés à entrer par la lumière de la foi dans la vision de Dieu sur le couple humain. Il s’agit donc de voir « d’en haut » le mariage, c'est-à-dire à partir du plan de Dieu.

La vision de Dieu fait éclater nos étroitesses culturelles ; elle assume nos élans affectifs pour les élever, les purifier et les délivrer de l’égoïsme qui les entache. Mais la grâce du sacrement surpasse nos générosités et nos bonnes volontés humaines non seulement en degré, mais en nature. Bref, le mariage chrétien nous conduit de l’humain au plus qu’humain : des noces de l’homme et de la femme aux noces de l’Agneau. Il faut passer du banquet de Cana au festin de l’eucharistie.

Et l’amour me direz-vous ? L’amour, il est sauvé par la foi, il est purifié par la foi. Il est véritablement instruit par la foi. Au mariage, les fiancés apportent bien leur personne, leur « amour », leur chemin commun. Mais ils s’en dessaisissent afin de se recevoir de Dieu et de se donner en Dieu. Leur amour est renouvelé, transfiguré, soutenu par la grâce propre du sacrement, qui est une grâce de charité surnaturelle. Cela, c’est la foi qui nous le dit.

A l’école de Dieu et des saints, grâce à l’acte de foi, les époux apprennent ce qu’ « être unis dans le bonheur et dans les épreuves » signifie vraiment. Et cela peut être tellement différent de notre propre vision. Mais aussi, tellement plus beau et tellement plus grand que nos petits horizons.

La foi éclaire l’intelligence sur le mystère du mariage ; la grâce sauve l’amour de toute possessivité défigurante pour faire entrer les conjoints dans l’oblativité transfigurante.

 

 

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