L’été parait, à première vue, une période idyllique pour la communication de couple. Quand on n’est plus stressé, quand on a du temps devant soi, quand on partage la découverte de beaux paysages, quand on a l’esprit plus libre, moins encombré des préoccupations du quotidien, il semble que toutes les conditions soient réunies pour de véritables retrouvailles, et de l’amour, et de la communication. Et c’est vrai que certains couples, à leur retour, confient qu’ils ont connu des moments délicieux : « J’ai retrouvé un mari merveilleux, et non plus un mari angoissé, rentrant le soir avec ses dossiers dans la tête et des yeux qui ne vous voient plus ».
Mais tous les couples ne se ressemblent pas. Trois cas de figure sont possibles.
Si les conjoints sont séparés
Premier cas : les conjoints sont séparés. Madame est en vacances avec les enfants et monsieur est retenu par sa vie professionnelle.
Si, en temps ordinaire, le couple n’a pas de réelle communication, il y a toutes les chances que cette nouvelle situation n’arrange rien. Certes, monsieur ne manquera pas de téléphoner. Il le fera pour réclamer des informations, savoir si tout se passe bien, et comment vont les petits. Coup de fil relativement bref et souvent décevant pour l’épouse, qui attend surtout un échange affectif et s’inquiète de savoir s’il arrive à se dérouiller tout seul. Devant la pauvreté ressentie de la communication, l’épouse pensera vite qu’il a téléphoné par devoir, ou pour savoir où elle a bien pu ranger cette fichue chemise qu’il n’arrive pas à retrouver !
En revanche, si le couple vit habituellement une bonne et riche communication, cette sépartion ne peut que la rendre plus nécessaire et chaleureuse. Le manque dictera aux époux des épanchements délicieux, des paroles coupe-faim, qui auront valeur d’intimité à distance, ponts jetés sur l’absence.
Ensemble pour quelques jours seulement
Deuxième cas : les conjoints sont séparés et ne se retrouvent que quelques jours. Monsieur a pu s’échapper un week-end, une semaine au plus, pour rejoindre les siens.
Là encore, deux possibilités : ou bien les retrouvailles sont positives sous tous rapports, parce que l’amour a souffert du manque et mieux réalisé aussi combien l’autre est devenu nécessaire et son absence est ressentie comme une mutilation : « J’ai retrouvé ma moitié ».
Ou bien, hélas – et ce peut-être une catastrophe – le tilt des retrouvailles ne fonctionne pas, pour différentes raisons : fatigue du voyage pour monsieur, ou accaparement des enfants, épouse moins disponible, qui a appris à organiser sa vie sans ? Pour madame, déception d’avoir trop attendu de ces moments, rancœur des longs silences de son mari pendant les périodes de séparation, époux apportant encore avec lui tous ses dossiers, impression qu’elle ne lui a pas vraiment manque et qu’il s’est très bien arrangé de sa situation provisoire de célibataire (il y a en tout homme un célibataire qui sommeille et qui savoir parfois le silence et le beau désordre de la solitude)… Quelle avancée si chacun avait alors la simplicité de dire son état d’âme sans être contré, ni juger en aucune façon le comportement de l’autre !
Les conjoints partagent une longue période de vacances
Enfin, troisième cas : les conjoints passent ensemble une longue période de vacances. Une fois de plus, tout dépend de l’état d’esprit avec lequel ils abordent ce temps privilégié.
Il est fréquent que les attentes soient fort différentes. Madame, en général, apprécie les vacances, c’est une occasion capitale pour se refaire, bronzer au besoin, se reposer pleinement – ce qui n’est pas le cas si elle est toujours aux fourneaux, avec même des invités supplémentaire. De cette période, elle attend aussi de pouvoir enfin faire des choses à deux, mais surtout de pouvoir échanger, avec un homme désencombré, sur toutes ces questions qu’on n’a jamais le temps d’aborder avec un homme débordé.
Si monsieur a la même optique, c’est bien, mais en général, les hommes n’aiment pas trop les vacances dans un farniente un peu long. S’ils décompressent, ils n’ont pas tellement envie de se replonger fans les problèmes de la vie de famille : ils sont en vacances pour oublier, et non pour ressasser els difficultés familiales et conjugales. S’ils s’ennuient, ils zappent pour chercher une occupation, rencontrer des amis ou faire des connaissances, laissant leur femme sur la plage avec ses mots fléchés.
Se donner des rendez-vous
D’où la question que tout couple doit se poser : est-il disposé à trouver dans ce temps de vacances des moments réservés pour un cœur à cœur et une communication désirés ? Est-il prêt à se donner des rendez-vous, même et surtout s’il y a des enfants ?
La communication peut demander au départ un effort mais, dans la mesure où elle n’est pas un échange intellectuel, ni surtout un déballage de reproches, mais l’expression de sentiments positifs (« J’aime en toi ta douceur »…), elle peut devenir communion et se savourer avec une réelle volupté.
Mais cela étant dit, les difficultés de la communication en vacances montrent combien il importe de trouver quelques jours pour faire chaque année un voyage de noces en amoureux, sans enfants. Où, dans une ambiance de fête et de détente, on s’émerveillera de redécouvrir, dans des échanges chaleureux, la richesse de son aimé(e).