« Nous avons toujours été assez fusionnels pendant dix ans de mariage, mais je commence à avoir envie de liberté. Mon mari prend très mal que je veuille partir trois jours entre femmes, ou diner avec un vieil ami… qui a raison ? »
Qu’il y ait dans un couple une période fusionnelle, rien d’étonnant. Chacun ne fait jamais que revivre le premier amour de la vie : l’amour pour sa mère. L’enfant ne sait où commencent son corps et celui de sa mère ; le sein lui appartient. C’est la mise en place, dans sa petite tête, d’un premier circuit imprimé d’amour, d’un amour fusionnel. Aussi est-il déconcerté d’apercevoir un jour dans une glace une maman et un bébé séparés… et de constater que le sein ne revient plus ! Le rêve est déçu, mais le logiciel d’amour fusionnel est resté en attente d’une rencontre qui le comblera.
N’être qu’un en restant deux
D’om la période euphorique, merveilleuse, quand deux personnes s’éprennent soudain l’une de l’autre dans l’espérance folle d’une vie commune perpétuelle. Vous avez connu cette douce fusion pendant dix ans : c’est au-dessus de la moyenne. Mais tôt ou tard, il faut bien prendre conscience que même très unis, on reste toujours deux. Un jour ou l’autre se pose le problème à tous les couples du monde : comment n’être qu’un en restant deux ?
Certains couples tendent à n’être qu’un et, dans ce cas, l’un peut avoir l’impression d’étouffer, ou de voir sa personnalité phagocytée. D’autres ménages optent pour une grande liberté conjugale, au risque de brader la chaleur de l’unité et de mener des vies parallèles. Tout l’art est de vivre unis et séparés, « très proches, mais pas trop proches non plus », comme le dit Khalil Gibran, qui ajoute poétiquement « Vous êtes nés ensemble, et ensemble vous serez pour toujours. Mais laissez l’espace entrer au sein de votre union. Et que les vents du Ciel dansent entre vous ».
Se manquer pour mieux se retrouver
Dès lors, dans votre cas, il est clair que votre désir de liberté est légitime après ces dix années assez fusionnelles. Il est dangereux pour un couple de rester scotché : il doit respirer ! Avec des temps forts d’union alternant avec de courtes séparations pendant lesquelles chacun peu se permettre d’avoir une occupation qui l’épanouisse. L’unité et la liberté (qui n’est pas extraconjugale) peuvent s’épauler. Après une courte séparation, on peut se retrouver pour un partage de ce qu’on a vécu chacun de son côté, et vivre un amour que le manque a amplifié !
Cela dit, il reste une limite à ces absences : même si votre mari n’est pas maladivement jaloux, il ne faut pas se mettre en danger avec certaines rencontres. Par exemple, on peut diner chez un ami s’il est vieux, mais la prudence s’impose si c’est l’amitié qui est vieille !