C’est une femme qui ne s’y laissera plus prendre. Pour elle, on ne peut pas vraiment se fier à un homme. Mais mensonge, défiance et colère rentrée ne découragent pas Jésus qui sonde un cœur en quête du véritable amour. Une révélation du mystère de toute femme.

Des compagnons, elle en a connu : l’actuel est le cinquième à partager son lit. Elle n’est pas mariée. Elle se fait entretenir, et n’a peut-être pas beaucoup d’illusions sur l’issue de sa relation de concubinage. Vis-à-vis des hommes, elle est probablement désabusée. Que peut-elle en attendre de bon, de durable ? Malmenée par la vie, elle n’est plus étonnée par rien.

Et bien si ! Un juif lui adresse la parole et lui demande un service. Quatre petits mots. Donne-moi à boire. Elle, la Samaritaine blasée, n’en revient pas (Jean, 4). Elle, qui a mis depuis longtemps les convenances de côté, reçoit une leçon de culot. Les hommes qui font rêver avec des belles paroles, elle ne marche plus. Elle n’est pas du genre à céder facilement aux promesses, même s’il s’agit d’eau vive : « Tu serais plus grand que notre père David ? » dit-elle d’un ton dubitatif, et sa demande d’eau vive résonne presque comme un défi. Et bien, donne-m’en de ton eau vive, pour voir !

Jésus connaît la complexité de nos relations

Jésus décèle derrière cette résistance une femme qui ne veut plus rien recevoir d’aucun homme. Il va donc directement au cœur de la blessure, au point faible : « Va chercher ton mari. » Déboussolée, elle ment. « Je n’en ai pas. » Par une phrase mélangeant humour et extrême délicatesse, Jésus trouve le moyen de tirer la vérité de ce mensonge. Il connaît la complexité de nos relations affectives, si emmêlées parfois qu’on ne sait même plus qu’en dire. La femme préfère ne pas en parler davantage et détourne la conversation. Et Jésus la laisse faire. Il sait qu’on ne répare pas une confiance trahie en un jour.

La masculinité de Jésus

La masculinité de Jésus, ancrée dans la vérité, soigne cette femme abîmée. De la masculinité, celle-ci n’avait qu’une expérience de rupture, d’abandon. Elle s’était senti utilisée, humiliée, manipulée ; en son cœur, la colère détruisait son identité de femme. À force d’être niés ou piétinés, ses besoins d’amour la ligotaient. Jésus répare cela, avec fermeté et douceur, en proposant le seul moyen de retrouver son identité de femme : l’adoration du Père.

En Dieu est la source vive de l’amour. Dans ce passage d’évangile, Jésus met en lumière le besoin fondamental de toute femme d’exister en face d’un homme qui tient parole, un homme qui entend son besoin d’aimer avec son corps, mais aussi avec tout son être. Pour les hommes, sans doute y a-t-il là une clé de « ce que veulent les femmes »(1) au fond de leur cœur.

 

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