La dépendance à la pornographie ou à la masturbation très régulière, même si elle est ignorée par le conjoint, affecte la relation de confiance du couple. Honte, interdiction ou péché, le sujet reste tabou. Comment l’aborder autrement ?

Un homme avouait à un ami sa dépendance à la pornographie. Son ami lui répondit sans concession : « Ton combat est essentiellement une question de contrôle. Tu aimes le contrôle que la pornographie te procure. Tu préfères plonger dans cet univers plutôt que de prendre le risque de l’intimité réelle. » Interloqué, l’homme reconnut que c’était vrai : « Je voulais contrôler le moyen de me procurer du plaisir et je ne voulais pas risquer la perspective de ne pas voir mes besoins satisfaits par des personnes réelles. »(1)

Exercer sa sexualité de manière solitaire est très paradoxal. Voire contradictoire dans les termes, si l’on admet que la sexualité est faite pour la relation. Chacun de nous a profondément besoin d’intimité avec l’autre. Être intime avec quelqu’un, c’est vivre une proximité physique, émotionnelle, affective avec cette personne. Nous vivons l’intimité d’abord dans la relation avec nos parents. Quand un manque d’intimité ou une intimité déplacée avec eux, ou avec l’un des deux, a affecté l’enfant, une méfiance naît en lui. Il se durcit pour se convaincre qu’il peut s’en passer. Cela peut faire de lui un adulte « détaché », en difficulté pour vivre l’intimité, incapable d’une conversation impliquant de se livrer. Cet adulte peut être narcissique, incapable de prendre l’autre en compte. Le conjoint d’une telle personne se retrouve évidemment en souffrance.

Avant la morale, la psychologie

La dépendance sexuelle n’est alors pas d’abord un problème moral, mais un problème psychologique, le signe d’une détresse. Cette personne ne sera pas aidée par des convictions morales pour s’en sortir. Elle aura plutôt besoin de prendre conscience des raisons de son addiction en faisant un travail sur elle-même accompagnée par une personne compétente.

Et Dieu dans tout ça ? Plus intime à moi-même que moi-même. L’intimité avec Dieu est possible et source de guérison, quand la thérapie a simultanément ou préalablement permis de prendre conscience de fonctionnements inadéquats. À l’inverse, l’intimité avec Dieu peut révéler des zones d’ombre que l’on ne sera capable d’aborder qu’avec l’aide d’un thérapeute.

Les pulsions et envies sexuelles sont le signe d’un désir plus grand et plus profond : celui d’être aimé et d’aimer. Étancher ce grand et bon désir par des satisfactions solitaires, c’est se priver de la dimension relationnelle de son désir, c’est se priver d’amour.

Sophie Lutz


 

(1) Vers une sexualité réconciliée, par Andrew Comiskey, Éditions Raphaël. Cet homme, confronté à l’homosexualité et aux dépendances sexuelles, témoigne de son difficile chemin pour essayer de retrouver sa véritable identité sexuelle.

 

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