Par Père Denis Sonet publié dans Famille Chrétienne en 2010 : https://www.famillechretienne.fr/famille-education/couple/la-reponse-du-pere-denis-sonet-ma-femme-ne-voit-jamais-rien-17772
« Ma femme ne voit jamais ce que je fais pour elle et pour nos enfants, se plaint un mari excédé. En revanche, elle voit bien le petit rien que j’ai oublié de faire. »
Un reproche que bien des conjoints se font souvent.
Vous n’êtes pas le seul, cher Monsieur, à vous plaindre de la cécité de votre épouse sur vos attentions à son égard et pour vos enfants. Et les exemples ne manquent pas : « tu ne vois pas que je me suis organisé pour rentrer un quart d’heure plus tôt » ; « tu n’as pas remarqué que je ne mets plus la cravate que tu n’aimes pas » ; « tu ne vois pas que j’ai changé depuis la session de foyers que j’ai accepté sans râler de vivre avec toi » ; « tu ne vois pas que je ne laisse plus trainer mes chaussettes sales » ; « tu ne vous pas que tous les dimanches, j’emmène les enfants sur un terrain de foot pour que tu puisses souffler » ; etc.
Mais attention : la réciproque est vraie !
Une épouse peut elle aussi présenter sa litanie de griefs à un mari « qui ne voit jamais rien (et pas seulement le reproche classique : « tu n’as pas même vu que je suis allée chez le coiffeur ») : « tu n’as pas vu toutes les économies que j’ai faites ce mois-ci » ; « tu n’as pas vu que je téléphone beaucoup moins à ma mère » ; « tu n’as pas vu que je ne te contredits plus jamais devant les enfants » ; « tu ne vois pas quand je suis fatiguée, et qu’un petit coup de main de ta part serait le bienvenue » ; etc.
Or la réponse, de l’épouse comme du mari, est souvent : « Mais si, je l’ai vu… mais je ne te l’ai pas dit, c’est tout. De toute façon, tu n’as jamais fait que ton devoir ». Et c’est bien là le problème. Il ne suffit pas de voir, il est important de dire qu’on a vu !
On ne dira jamais assez combien il est frustrant de constater qu’un effort que l’on a fait n’est absolument pas pris en compte par l’autre. Et autant la reconnaissance d’un bon geste est encourageante, autant le contraire finit par être démobilisateur.
Allons plus loin. Si l’on a remarqué le geste du conjoint sans l’en avoir remercié, n’est-ce pas que l’on a pas suffisamment pris conscience de l’importance que ce geste avait à ses yeux ? Avec le risque que le conjoint en vienne très vite à penser : suis-je même seulement aimé pour que l’autre soit à ce point aveugle sur mes attentions et mes efforts ?
Ce manque de reconnaissance peut être ressenti, interprété, comme un manque d’amour. Quand on aime vraiment, n’a-ton pas des yeux pour décoder le sens des gestes de l’aimé ?
Imaginons un scénario purement fantaisiste. Un homme, à sa mort, se présente à l’entrée du paradis devant saint Pierre, qui lui fait tout de go remarquer qu’il a souvent négligé de répondre aux besoins de sa femme – besoins de reconnaissance et de tendresse notamment. Et le mari de protester : « Croyez-moi, cher saint Pierre, j’ai toujours été un bon mari. J’ai toujours satisfait à toutes les demandes raisonnables de ma femme. Ou alors, la seule explication, c’est que je n’aurais pas vu ce qu’elle désirait… - C’est bien cela qui t’est reproché, lui rétorquerait aussitôt saint Pierre : c’est que tu n’as pas vu. Car aimer, c’est voir ! »
Oui, aimer en vérité, c’est voir. Garder tout au long des jours la faculté d’émerveillement pour le conjoint… et ne pas être comme certains habitants de Chamonix qui ne voient même plus le Mont Blanc !
Ouvrons donc grand les yeux de notre cœur. Soyons hyper-attentifs aux délicatesses de notre conjoint et disons lui sans fausse pudeur que nous ne sommes pas sans voir ni apprécier ces gestes inspirés par l’amour.
Belle occasion, au passage, de remercier le Seigneur, qui est certainement à la source de ces petites mais merveilleuses gentillesses.
Par Père Denis Sonet publié dans Famille Chrétienne en 2010 : https://www.famillechretienne.fr/famille-education/couple/la-reponse-du-pere-denis-sonet-ma-femme-ne-voit-jamais-rien-17772