« Je suis très amoureuse de mon mari, mais nous avons des difficultés avec sa mère : elle est trop présente. Il s’en rend compte mais sans réaliser à quel point j’en souffre. Pendant les vacances, un des enfants doit coucher dans sa chambre… Dès que je m’oppose, c’est un drame »

Comme il serait facile de répondre à cette interlocutrice : soyez énergique ! Mettez votre mari au pied du mur : « C’est ta mère ou moi : tu choisis ! Quand te décideras-tu à couper le cordon ? «  Cette attitude s’imposerait d’autant plus au cas où une belle-mère possessive prendrait littéralement sous sa coupe l’enfant, ce qui ne serait pas sans conséquence pour lui.

 

Tous souffrent de la situation

Cela dit, nous savons bien que la situation est complexe : les tensions dont parle cette femme cachent énormément de souffrances, et on ne peut pas ne pas en tenir compte. D’abord la sienne, qui est d’autant plus grande que son mari n’en perçoit pas l’intensité. Il est possible que, pour lui, elle amplifie le problème, et que sa mère ne soit pas si envahissante que ça.

La souffrance de son mari existe aussi d’ailleurs car un homme a du mal à se situer entre les appels contradictoires de deux femmes qui tiennent forcément une grande place dans sa vie.

Souffrance aussi des enfants, qui devinent bien la tension, et qui se sentent objet du litige, écartelés là aussi entre l’amour de leur mère et peut-être le désir de se faire choyer par leur grand-mère (sont-ils ravis de coucher dans la chambre de Grand-mère, ou, au contraire, forcés de faire leur B.A. ?).

Souffrance, enfin, de la mère du mari, qui peut croire qu’on ne l’aime pas, puisqu’on aurait tendance à lui refuser la joie si légitime de profiter de ses petits-enfants, ou qu’on ne l’estime pas, parce qu’on craint qu’elle ne compromette l’éducation qu’on entend leur donner.

 

Un même regard

Comment, dès lors, naviguer entre ces souffrances, pour trouver une solution élégante pour tout le monde ?

Il semble que ce qui importe en premier, c’est que le couple ait le même regard, la même analyse sur le problème. Ce qui fait peut-être le plus souffrir l’épouse, c’est que le mari n’a pas pris suffisamment la mesure de sa souffrance. C’est que, même s’il se rend compte de la présence importante de sa mère, il ne pense peut-être pas que c’est catastrophique, mais croit qu’on peut « faire avec » sans que ça soit dramatique pour la famille.

Si bien que, souvent, l’épouse a tendant à penser que son mari « soutient » sa mère, et faire passer sa femme en second. Et si c’est le cas, cette attitude de non-compréhension du mari ne fera qu’aggraver son rejet de la belle-mère : elle souffre alors moins de son omniprésence que du pouvoir qu’elle semble lui ravir sur son mari.

C’est là qu’un dialogue s’impose pour que chacun puisse dire bien clairement ce qu’il ressent. Oui ou non, les deux conjoints ont-ils le même sentiment qu’il y a exagération manifeste de la grand-mère ? Ensuite, oui ou non, le mari voit-il et trouve-t-il raisonnable la souffrance de sa femme ?

Mon interlocutrice souligne que son mari « ne réalise pas sa souffrance ». Mais comment l’aide-t-elle à en prendre conscience ? Ce n’est certainement pas en dénonçant les défauts « insupportables » de sa mère : ces critiques ne pourraient que créer chez lui le désir de la justifier.

Ce qu’il a besoin d’entendre, c’est ce qui crie en elle ; il a besoin de comprendre pourquoi elle a si mal : ce qui suppose qu’elle, la première, puisse analyser les raisons profondes de ce rejet. Oui, qu’elle se demande d’abord, dans une sorte d’autoanalyse, pourquoi le comportement de sa belle-mère est si dur à supporter.

 

Il faut aussi agir

Un même regard sur le problème, cela veut dire ensuite qu’on est tous deux d’accord sur la place exacte des beaux-parents. Il est évident que la belle-mère (et le beau-père, bien sûr !) n’a pas à imposer sa présence à ses enfants : « Chaque foyer, chaque ménage », dit le proverbe.

C’est pour cette raison qu’on ne vit jamais chez les beaux-parents (mieux vaut vivre sous un pont !) : c’est le moyen le plus sûr pour détruire un couple. La loi biblique de rupture est ici impérative : l’homme quittera son père et sa mère ! Il est évident également que les beaux-parents n’ont pas à dicter leur conduite à leurs enfants. Ils n’ont pas davantage à décider des orientations éducatives données à leurs petits-enfants. Y compris en ce qui concerne la foi. Les oiseaux ont quitté le nid pour construire le leur.

Et le paradoxe, c’est que plus les beaux-parents respecteront cette autonomie de leurs enfants, et plus les enfants viendront peut-être solliciter un conseil. Dans un couple (normal !) qui se forme, les conjoints devraient pouvoir dire cette affirmation quelque peu caricaturale : « Dorénavant, mon conjoint aura toujours raison, mes parents toujours tort… »

Mais il ne suffit pas de faire la même analyse, il faut aussi agir. Et ce qu’une épouse reproche souvent à son mari (qui affirme penser comme elle), c’est de ne pas avoir le courage de parler haut et clair à sa mère. Le mari qui a peur de faire souffrir prend mille précautions : il le dit, sans le dire, tout en le disant… si bien que la mère n’entend pas clairement le message.

Car, c’est vrai, c’est au mari de parler à ses parents (comme d’ailleurs à la femme de parler à ses parents à elle). Cette femme dit qu’elle s’oppose, et que c’est le drame.

Ce n’est pas étonnant : elle n’est pas l’élément tampon ; c’est seulement le fils qui peut l’être. C’est à lui donc, un jour favorable (!), de dire clairement à sa mère quel est le désir non pas de sa femme, mais du couple.

 

Affection et autonomie

Il reste qu’il faut bien réaliser combien c’est difficile pour lui : il y a toujours un enfant en chacun de nous, un enfant qui retrouve les comportements de dépendance affective à la mère.

Il peut pourtant trouver les mots qui conviennent dans la mesure où il montre clairement que les exigences qu’il pose ne mettent pas un instant en question tout l’amour qu’il lui porte, comme d’ailleurs sa femme et ses enfants.

Il faut en quelque sorte que le sacrifice (très grand !) qui est demandé à des parents ne soit pas perçu comme un rejet, comme une ingratitude, mais qu’il soit compensé par des gestes d’affection bien visibles : cadeaux, célébration d’anniversaire, téléphone, invitation… « Maman, disait quelqu’un, n’a rien à voir dans notre vie de couple, mais elle aura les truffes au chocolat ! »

Il va sans dire que ce problème si fréquent invite tous les parents du monde à apprendre très tôt à se désapproprier leurs enfants. Les parents très possessifs n’ont pas fini de souffrir dans le monde de demain. Ils doivent se préparer très tôt à l’envol de leurs enfants. Se préparer à accepter parfois bien des solitudes dans une maison de retraite. Et plus ils respecteront leur autonomie, plus ils seront aimés, et plus aisément et librement leurs enfants leur reviendront !

 

 

 

 

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