« Mon mari est la gentillesse même. Mais il est tellement sérieux que j’ai vraiment l’impression qu’il ne sait pas se décontracter. Si bien que je finis par m’ennuyer avec lui. ». Bien des épouses pourraient en dire autant. Mais il arrive que des maris étouffent dans un mariage où, depuis des années, la fantaisie a disparu.
Disons-le clairement : l’ennui est l’ennemi mortel du couple. Souvent, quand un conjoint dut qu’il s’ennuie, c’est qu’il souffre d’une insatisfaction sur le plan ludique. Deux époux qui ne savent plus rire ensemble, jouer ensemble, j’allais même dire chahuter ensemble comme des gamins, sont en manque de cette dimension qui a sa place dans la vie conjugale et familiale. Il existe en effet des époux qui ne jouent strictement à rien : pour qu’ils trouvent de l’intérêt à une activité, il faut qu’elle apparaisse utile ou intelligente. Une occupation purement ludique, gratuite, peut leur apparaitre comme un futilité ou une perte de temps.
Redevenir un enfant
« Mon mari est sérieux comme un Pape. Il rit quand il se brûle ! », disait une autre épouse. Pourtant, il y a en chaque adulte un enfant qui perdure. Ne voit-on pas des pères qui ont acheté à leurs enfants le beau train électrique dont ils avaient rêvé dans leur jeunesse le faire fonctionner plus souvent qu’eux ? Certains époux semblent avoir muselé l’enfant qui les habite, pour être surtout, si on reprend le vocabulaire de l’Analyse transactionnelle, des pères protecteurs et dirigistes, ou/et des adultes efficaces mais froids.
D’où les questions que chacun doit se poser : est-ce que je donne un place à cet enfant qui est en moi ? Et suis-je à l’écoute de l’enfant qui appelle chez mon conjoint, cet enfant qui, lui aussi, a besoin de détente gratuite, de câlins, de moments privilégiés ?
Parmi vous, certains rentrent de vacances. Alors, permettez-moi de vous demander si vous vous êtes ennuyés. Auquel cas il faudrait vous poser sérieusement la question suivante : êtes-vous à ce point des fanatiques du travail, des anxieux des responsabilités, pour n’avoir pu, l’espace de quelques jours, oublier les tracas quotidien dans un bienheureux lâcher-prise ?
Des jeunes me disent « Je n’aime pas aller en vacances avec mes parents : Papa s’ennuie sur la plage s’il n’a pas une activité bien précise, et Maman m’agace avec ses mots-fléchés ». Ce qui veut dire que vos enfants sont les premiers à désirer des parents un peu décontractés, qui aiment jouer avec eux, redevenir des enfants avec eux, mettre de l’humour et de la joie dans leurs rapports avec eux… et pourquoi pas un atome ou deux de folie !