Le degré de gravité de ces mini-querelles n’est pas facile à déterminer, puisque, si l’on écoute l’une des parties, il n’y voit que des broutilles, tandis que l’autre y voit du dramatique. C’est qu’il y a bien des variétés de chamailleries !
Diagnostiquer la cause de ces disputes
Eliminons d’entrée de jeu ce qu’on pourrait appeler des chamailleries comédies, où les conjoints se disputent pour avoir le plaisir de se réconcilier dans des effusions d’autant plus chaleureuses que la tension a été plus forte.
Nous rencontrons ensuite les chamailleries symptômes, révélatrices de problèmes plus profonds. Vaguelettes en surface, elles sont en fait la résultante de lames de fond, de problèmes graves qu’on ne voit pas, ou qu’on refuse de voir.
Le détachement amoureux d’un des conjoints peut expliquer bien des querelles de surface. « Pourquoi depuis quelques temps ne supportes-tu rien de ce que je dis ou de ce que je fais ? », disait une femme à son mari. Elle comprendra un jour qu’elle était en fait, pour lui, par le simple besoin d’exister, un obstacle majeur l’empêchant de vivre une liaison cachée.
Autre exemple : combien de conjoints sont d’une mauvaise humeur quasi permanente, en raison d’une frustration charnelle chronique !
Il y a aussi les chamailleries tests, que l’on rencontre chez les conjoints qui se demandent s’ils ne sont pas des mal-aimés. De même qu’un enfant qui se croit mal-aimé teste ses parents en les poussant à bout, il arrive qu’un des conjoints irrite à plaisir l’autre pour vérifier qu’il l’aime vraiment malgré tout.
Citons encore les chamailleries bras de fer : même si on aime profondément son conjoint, même si on dédire avec lui une unité parfaite, on n’entend pas pour autant être phagocyté par lui. On entend rester soi. On défend son territoire. Dans tout couple, surtout au départ, il y a toujours une certaine lutte de pouvoir, cause de rivalité sourdes, de jalousies larvées, et donc de chamailleries pour tester son degré de liberté. Ce bras de fer pour la défense de la personnalité est évidemment envenimé par une idéologie machiste ou féministe. Combien de conjoints refusent de faire des concessions pour la seule raisons qu’ils veulent exister, ne pas être dominés.
N’oublions pas les chamailleries déceptions : au fond de soi, on en veut au conjoint qui ne nous a pas permis de réaliser le beau rêve qu’on avait au départ. Quand on se sent frustré de ce qu’on estime être en droit de recevoir de l’autre, on a tendance aussitôt à être agressif.
Attention : on n’estime (et c’est bien regrettable !) que ce qu’on n’a pas ! Que de conjoints seraient tentés de faire deux colonnes. La première : ce que je donne, la deuxième : ce qu’il ne me donne pas.
A ces chamailleries déceptions il faut ajouter les chamailleries ressentiments : quand un conjoint agresse l’autre parce qu’en fait il n’a jamais oublié une offense dans un passé lointain. Quand le conjoint est catalogué, et que son comportement d’aujourd’hui est toujours interprété et vu à travers un comportement irritant dans le passe : « Il sera toujours le même ».
Relativiser les petits problèmes
Mais, c’est vrai, il y a aussi les chamailleries broutilles des couples qui, de fait, se mini-disputent vraiment pour des riens. Comme ils le disent eux-mêmes : on a tout pour être heureux et on est toujours à se plaindre.
La fatigue, les difficultés professionnelles, les tendances dépressives, les différence de tempérament, le poids des enfants, les échéances financières difficiles, etc. occultent tout le positif et le merveilleux de la vie de famille.
Il importe alors de relativiser ces petits problèmes. A ces couples qui se chamaillent inutilement, on a envie de crier : savez-vous que toutes ces broutilles vous paraitraient néant si vous appreniez la maladie grave d’un enfant ou de votre conjoint ?
Ainsi, pour éviter de se chamailler, faut-il d’abord essayer de diagnostiquer la cause de ces disputes. Il est essentiel que les conjoints puissent avoir la même vision pour ne pas appeler broutilles ce qui pour l’autre est gravissime.
Et si, après réflexion et dialogue, celui qui prend cela à la légère a un regard différent de celui de celui qui en est affecté, il lui restera à essayer de comprendre pourquoi l’autre souffre tant de ce qui lui parait mineur et sans gravité.