"On s'aime, alors on a décidé de vivre sous le même toit. Où est le problème ? " Tout parait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes... Mais est-ce si sûr ?
1. Ce qui compte c’est de s’aimer. Qu’est-ce que cela apporte de se marier ?
Oui, c’est vrai, l’important, c’est de s’aimer. Mais de quel amour ?
« Je t’aime tant que ça durera… » ou « Je t’aime et je te fais confiance. Je suis prêt à prendre le risque de lier nos destinées même en ne connaissant pas ce que l’avenir nous réserve, même en sachant que ni toi, ni moi, ne sommes parfait, même en sachant que notre amour pourra éventuellement traverser des tempêtes… J’ai foi en toi, en moi, en nous, en notre capacité de construire, ensemble, une histoire d’amour fabuleuse. »
Le vrai problème n’est pas de trouver l’amour mais de décider de ce que l’on va en faire. Décider de se marier, c’est se permettre de voir clair dans le but à atteindre. C’est se donner la confirmation que l’on est prêt à se lancer et à s’engager dans une aventure solide, plutôt qu’une amourette. En se mariant, on décide de passer au-delà de l’émotion amoureuse, certes très grisante et agréable, pour aller vers la création d’un lien qui dépasse le « ressenti ». On peut s’enflammer pour n’importe quelle personne susceptible de répondre à nos désirs. De là engager sa vie…
2. S’engager pour la vie sans avoir vécue ensemble, c’est de la folie !
On essaie la vie à deux. Si ça marche, on se marie. Si ça ne marche pas, on se sépare. Ça parait simple.
L’essai, censé éviter les erreurs d’appréciation du conjoint, ne protège pourtant pas de l’échec. Toutes les études le montrent : le mariage après cohabitation est plus fragile (cf. Cohabiter ou se marier, c h2).
C’est logique : un couple évolue constamment et les difficultés qu’il rencontrera dans l’avenir ne sont pas « expérimentables ». Chaque ménage va donc, en permanence, se « recréer » au travers des différents évènements de la vie, chacun va ré-accepter l’autre chaque joie, avec ses réactions parfois inattendues. L’essai n’y change rien.
Il semble même que cette mentalité d’essai prédispose au divorce : « je me marie avec toi si l’essai est concluant » se transforme facilement en « je reste marié avec toi tant que ça marche ». ce qui dispense de passer les obstacles qui paraissent trop difficiles.
Certains veulent l’essai pour vérifier l’entente sexuelle. Ils attachent une importance énorme à l’harmonie physique, et ils ont raison ! Mais attention, cela n’est pas le tout de la vie de couple. L’harmonie sexuelle n’est pas le préalable mais plutôt une conséquence d’une bonne vie de couple. Elle sera d’autant plus épanouie qu’elle aura laissé de la place aux sentiments, à la tendresse, à la complicité, à la connivence, à l’accueil inconditionnel de l’autre avec toutes les facettes de sa personnalité. Que de fois n’a-t-on rencontré d’amants unis par une passion charnelle « torride » qui se réveillaient, un beau matin, comme deux étrangers. Le désir momentanément affaibli, ils n’avaient plus grand-chose en commun.
3. S’engager pour la vie est hypocrite : comment être certain de pouvoir « tenir » ?
L’hypocrisie, qu’est-ce que c’est ? C’est feindre des sentiments dans le but de tromper l’autre et d’en retirer des avantages. Par exemple : mon vieil oncle, très riche, me casse les pieds. Mais je fais semblant de l’aimer, je viens le voir souvent, non pas pour lui, mais dans le but de recevoir un bel héritage. Ça, c’est de l’hypocrisie. Dominer ses sentiments, maitriser ses émotions négatives, adopter une attitude qui joue exclusivement à l’avantage du prochain, ce n’est pas de l’hypocrisie, c’est du respect. Par exemple : je me lève de très mauvaises humeur. Devrais-je, au nom de l’authenticité, devenir « transparent » et faire connaitre à tout mon entourage, au risque de le blesser, mes tempêtes intérieures ? Ne puis-je pas décider de n’en rien montrer pour que le départ au travail de mon conjoint et de mes enfants se fasse dans le calme et la bonne humeur ? N’en va-t-il pas de même pour le couple ? Quand un jour, la passion faiblit, c’est vite dit qu’au nom de la sincérité, il ne faut pas « tenir ». Mais l’autre, dans tout ça ? Ses désirs propres, ses sentiments, sa souffrance ? Qu’est-ce qui prouve que cette baisse de régime ne provient pas de moi, de mon éventuelle incapacité à dépasser mes propres limites ? Si je reste avec mon conjoint simplement pour pouvoir profiter de sa situation financière avantageuse, ou pour préserver mon « image », alors oui, c’est de l’hypocrisie. Mais si je reste pour lui, par respect du don qu’il m’a fait en m’épousant, par respect du projet commun auquel j’ai librement adhéré, pour continuer à essayer de le rendre heureux, même si c’est difficile, n’est-ce pas cela, le respect ? L’amour n’est pas qu’un « ressenti » amoureux, il est aussi une décision d’aimer… Et curieusement, quand je décide d’aimer, très souvent, les sentiments renaissent.
4. Le mariage oui, quand on voudra avoir des enfants.
Effectivement, beaucoup se marient quand arrivent un enfant car ils sentent qu’il aura besoin de stabilité. C’est profondément vrai. Mais il y a un risque à ne pas sous-estimer : l’enfant devient la cause ou l’origine du couple, il est celui en qui le couple trouve sa justification. Beaucoup d’enfants se sentent angoissés face à cette « responsabilité » qu’ils n’ont pas choisie, surtout s’il y a des tensions dans la relation parentale. Ils se sentent comme co-responsables du lien conjugal, alors que ce lien n’appartient qu’aux conjoints et à eux seuls.
L’amour est un lien librement choisi entre deux adultes consentants. De ce lien initial peut naître un enfant.
Pour ceux qui se marient, le lien conjugal est généralement « affirmé » comme volonté explicite des deux conjoints. Ensuite seulement, l’enfant est « reçu » pour lui-même et pas comme garant de stabilité.
5. Se marier, on veut bien, mais on est encore étudiants. Et ça coute trop cher…
C’est vrai que cela peut être difficile de décider quand on est encore étudiants. Mais est-ce vraiment impossible ? Il y a toujours des solutions envisageables. On connait tous des exemples de jeunes qui ont fait ce choix autour de nous. Qu’est-ce qui coûte trop cher ? La fête du mariage ? Où est-il écrit qu’un mariage devait être accompagné d’une fête grandiose ?
Ce que dit l’Eglise : Le mariage, un pacte d’amour
(…) La sexualité, par laquelle l’homme et la femme se donnent l’un à l’autre par les actes propres et exclusifs des époux, n’est pas quelque chose de purement biologique, mais concerne la personne humaine dans ce qu’elle a de plus intime. Elle ne se réalise de façon véritablement humaine que si elle est partie intégrante de l’amour dans lequel l’homme et la femme s’engagent entièrement l’un vis-à-vis de l’autre jusqu’à la mort. La donation physique totale serait un mensonge si elle n’était pas le signe et le fruit d’une donation personnelle totale, dans laquelle toute la personne, jusqu’en sa dimension temporelle, est présente. Si on se réserve quoi que ce soit, ou la possibilité d’en décider autrement pour l’avenir, cela cesse déjà d’être un don total. (…)
Le « lieu » unique, qui rend possible cette donation selon toute sa vérité, est le mariage, c'est-à-dire le pacte d’amour conjugal ou le choix conscient et livre par lequel l’homme et la femme accueillent l’intime communauté de vie et d’amour voulue par Dieu lui-même, et qui ne manifeste sa vraie signification qu’à cette lumière.
L’institution du mariage n’est pas une ingérence indue de la société ou de l’autorité, ni l’imposition extrinsèque d’une forme ; elle est une exigence intérieure du pacte d’amour conjugal qui s’affirme publiquement comme unique et exclusif pour que soit vécue ainsi la pleine fidélité au dessin du Dieu créateur. Cette fidélité, loin d’amoindrir la liberté de la personne, la met à l’abri de tout subjectivisme et de tout relativisme, et la fait participer à la Sagesse créatrice.
Lisez aussi le témoignage : « Je veux ou je ne veux pas ? »