Il m'a semblé utile de proposer aux chrétiens de Paris quelques réflexions sur la situation de la famille et de la jeunesse pour les aider à aborder cette étape en renouvelant leur regard et leur approche. La famille est aujourd'hui un lieu de grande épreuve. Dans beaucoup de cas, elle est un lieu de souffrance et même parfois de violence. Cependant, les développements de la violence sociale nous permettent de vérifier combien l'expérience familiale est à la fois un creuset pour l'apprentissage de la vie collective et une instance de régulation irremplaçable dans l'éducation des jeunes à la vie sociale. Nous, chrétiens, ne pouvons pas nous contenter de proposer un modèle de la famille, comme si nous étions les dépositaires attitrés de sa réussite, sans nous engager, à tous les niveaux, dans un travail de longue haleine pour aider au développement de meilleures conditions pour la vie familiale.
Nous avons fait beaucoup, et nous faisons encore beaucoup, pour la préparation au mariage et le soutien à un engagement sérieux des époux. Nous savons que cela ne suffit pas. Il faut aussi accompagner les familles dans leur aventure et leurs épreuves. Pour trop d'entre nous, la famille et la jeunesse sont plus vécues comme un problème que comme une espérance. Les difficultés rencontrées par tant de familles comme notre incapacité à intégrer les jeunes dans notre société engendrent souvent le sentiment d'une impuissance définitive à vivre positivement l'expérience familiale. Alors que tous attendent beaucoup de la famille, beaucoup semblent renoncer à réussir en ce domaine.
Devant cette situation paradoxale, nous devons faire l'inventaire de nos espérances et de nos convictions. Notre expérience de la fidélité indéfectible de Dieu inspire et nourrit notre confiance dans la possibilité de vivre nous aussi l'amour dans la fidélité. Cette fidélité de Dieu nous permet d'espérer en la fidélité des hommes, même si celle-ci est toujours une épreuve qui demande un effort persévérant pour être vécue comme un chemin de bonheur. Notre premier travail dans ce domaine est donc de vérifier et de partager nos convictions et d'accepter d'en porter témoignage. Ensuite nous devons nous convaincre que la bataille n'est pas perdue d'avance et qu'il y a quelque chose à faire, que nous pouvons faire quelque chose. Pour fortifier notre conviction et notre résolution à agir nous avons tous besoin du témoignage les uns des autres. Chacun de nous est capable d'éprouver ses faiblesses. Tous nous avons besoin des autres pour garder notre fidélité. Tous nous avons besoin de nos communautés pour rendre témoignage à la fidélité comme une véritable dimension de l'amour, de tout amour humain.
A partir de ce socle de la fidélité, nos communautés sont invitées à prendre des initiatives pour promouvoir des actions en faveur des familles et de toutes les générations. La lettre pastorale en énumère quelques-unes. Chaque conseil pastoral aura à chercher quoi faire et comment le faire.