« Mon mari gère seul le budget familial, et je n’ai pas accès aux comptes. J’ignore totalement ce que nous possédons… »

En caricaturant, il me semble que l’on pourrait dire : « Dites-moi comment vous gérer votre argent et je vous dirais comment vous vous aimez ». La gestion du budget est très symptomatique de la qualité de la relation.

Il n’est pas indifférent de savoir par exemple quel a été le régime matrimonial choisi. Le contrat de mariage (exigé souvent par les parents) pouvait être un acte de prudence raisonnable, mais être ressenti par un conjoint comme une défiance à son égard. Un couple très uni vous dira volontiers : « Nous avons un compte joint…Nous nous faisons une totale confiance dans les dépenses de l’un ou de l’autre, l’argent ne pose pas de problème pour nous ». En revanche, quand la relation de couple est problématique, l’argent devient souvent un prétexte à disputes. Les dépenses anormales et soudaines la « fuite de capitaux » du compte en banque, peuvent être le signe d’une rupture prochaine.

Ainsi, les problèmes d’argent ne sont souvent que les symptômes d’un problème plus profond et la solution à ces derniers nécessite de l’identifier.

Pour certains couples, l’argent est source de conflits du fait d’une gestion discutable, objet d’incompréhension ou de suspicions. Dans ce cas, commençons par nous poser les bonnes questions : le budget se discute-t-il à deux ? Qui tient les comptes ? Pourquoi ? Qui est perçu comme le propriétaire de l’argent ? Qui paie quoi ? Que met-on dans le pot commun et que garde-t-on pour soi ? Un seul connaît-il la fortune du couple ? Nous disputons-nous dans l’utilisation de l’argent ? L'un a-t-il l’impression d’être lésé en ce domaine ? Nous entendons-nous pour l’aide à apporter à nos enfants, à nos parents, aux œuvres caritatives ? Comment gérons-nous notre superflu ?

 

Une bonne gestion de l’argent

Pour répondre à ces questions, repérons quelques exigences d’une bonne gestion de l’argent.

Première exigence, la transparence. Dans trop de couples, l’un ignore totalement ce que gagne son conjoint ou l’importance du portefeuille d’actions, l’utilisation faite de l’argent, les plus-values ou les déficits. Confiance illimité en soin, désir de tout contrôler, voire désintérêt du conjoint pour les questions d’argent…les causes sont variées. Or il est tout de même essentiel que chaque conjoint puisse, s’il le désire, prendre connaissance des avoirs du couple. Même s’il est plus compétent pour faire les bons choix, il est raisonnable que l’autre soit au courant, surtout dans les investissements importants. Acheter une maison sans prévenir le conjoint – j’ai connu le cas – c’est un peu gros…Il arrive aussi qu’un conjoint, pour ne pas peiner l’autre, lui cache une dette de jeu, une erreur financière, un emprunt chargé de colmater un déficit. L’effet est désastreux si la cachotterie est découverte.

Dans les couples où l’un est fourmi et l’autre cigale, la transparence s’impose : la fourmi pour expliquer les raisons de ses réticences en face de toute dépense, la cigale pour fournir la liste des dépenses !

Deuxième exigence, la confiance, qui naitra facilement de la transparence. Cela dit, autant il est important que soit bien accessible le livre de compte de la famille, autant il est lassant pour un conjoint de voir pointer chaque jour le moindre de ses achats. Il n’est pas facile de vivre avec un conjoint comptable qui vous dit qu’il faut prévoir pour la famille 9,6 kg de sucre par an, deux caleçons et demi (sic), etc. Autant les dépenses importantes, ou les dépenses extérieures au couple (parents, œuvre…) doivent se décider à deux, autant peut-on se faire confiance pour les dépenses ordinaires, courantes.

Si le mari a tendance à penser que sa femme dépense vraiment beaucoup, il aura la sagesse de faire tous les trois mois une descente au supermarché avec un caddy et 50€ ! Si la femme doute de la bonne gestion de son mari et vit dans l’insécurité financière perpétuelle, le mari se gardera bien de la rassurer trop facilement : « Ne t’inquiète pas, on s’en tirera, ça s’arrange toujours ». Le couple vit alors dans un cercle vicieux : plus il est insouciant du lendemain, moins elle est sécurisé ; et plus elle est inquiète, plus il se croit obligé de la rassurer, de se montrer cool davantage encore.

 

L’amour n’est pas un troc

Troisième exigence, le sens de la gratuité. L’argent peut venir fausser la relation lorsqu’il semble la motivation essentielle de l’un des conjoints : « J’ai l’impression que tu m’as aimé pour mon argent, sache que c’est terriblement dévalorisant ». Greg, le faux millionnaire de la télévision, disait et répétait qu’il voulait s’attacher à la jeune fille qui l’aimerait pour lui-même.

Dans le même sens, la vie amoureuse d’un couple ne saurait se régler par un troc,  un triste donnant-donnant : « Contre un câlin, je t’offrirais volontiers cette robe si chère pour tous les deux ». Il est des circonstances au contraire où l’un des conjoints doit se montrer capable de faire un cadeau irraisonnable, pleinement gratuit, une folie, pour manifester un amour fou et sincère.

Le sens de la gratuité s’impose aussi dans le cas où, les deux conjoints travaillant, l’un a un salaire nettement supérieur à celui de l’autre, en particulier si c’est la femme qui gagne davantage.

 

« Nul ne peut servir deux maitres »

Enfin, la conception de l’argent. Pour que l’argent soit un serviteur et non un maître, il ne faut lui porter ni mépris ni adoration. Ni mépris, car on ne peut ignorer le coût des nécessités quotidiennes (cette attitude pourrait être perçue comme le mépris du travail de ceux qui gagnent durement leur argent ou qui en manquent cruellement). Ni adoration, car il peut asservir : « La possession des richesses a des filets invisibles où le cœur se prend insensiblement » (Bossuet).

Le couple échappera à ces deux tentations s’il cultive ces valeurs essentielles que sont la justice (en premier !), qui donne à chacun son dû en respectant les besoins du « prochain le plus proche » (les besoins de mes enfants passent d’abord), l’honnêteté, qui refuse la corruption (car, que voulez-vous, oui, l’argent a une odeur), la générosité et le partage, qui dilatent le cœur et aident à arracher des êtres à la misère, et le détachement, qui rend libre en faisant taire les sirènes des besoins artificiels, et prépare à l’envol vers l’Unique nécessaire. Le bon sens le dit clairement : « On n’a jamais vu un coffre-fort suivre un corbillard ». Et l’Ecriture ne dit pas autrement : « Nul ne peut servir deux maîtres : Dieu et Mammon », l’amour et la richesse.

 

 

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