ces fiancés n'ont pas été catéchisés, mais ils semblent fiers de savoir qu'à l'Eglise, on se marie pour le pire et le meilleur. Avec un brin de malice, je rectifie assez vitre l'expression : "l'Eglise, ce n'est pas comme au cinéma, ici, vous vous mariez pour la vie. Pour que votre union soit pleinement vivante ! ".
Le meilleur et le pire, ça sent un peu la fatalité. S'aimer, c'est une question de vitalité. L'histoire nous enseigne que l'amour n'a pas toujours été fondateur de la cellule familiale. Les liens institutionnels étaient plus déterminants que l'épanouissement de la personne. Aujourd'hui, la liberté prime sur les liens qui nous unissent, la cohésion familiale est soumise à des tensions fortes qui mettent sa vitalité à l'épreuve. Une famille peut-elle durer sur le seul fil des sentiments ?
Prenons l'exemple d'un cordage. Sa solidité ne repose pas sur la résistance d'un seul brin, mais de plusieurs qui s'enroulent les uns autour des autres. vivre sous le même toit n'est jamais de tout repos, bien que le domicile soit le lieu privilégié du sommeil. au retour du travail, d'une réunion, savons-nous ménager la paix pour que le conjoint trouve son compte de repos ? La société attend des performances. En famille, on est attendu pour soi et non pour sa valeur. La table familiale n'est pas seulement le rendez-vous de l'estomac, mais celle du partage des préoccupations, de l'échange des nouvelles. Avec des éclats parfois bien vivant, on y apprend la justice entre frères et soeurs, la disponibilité sans calcul, le service affectueux envers des membres plus faibles, parce que petits, malades ou âgés. A l'école de la vie familiale, l'enfant apprend la grammaire élémentaire du lien fraternel et de l'affection filiale.