Le sexe s’affiche partout. Notre société se veut libre de tout interdit. Interrogés, les conseillers conjugaux témoignent pourtant du désarroi de nombreux couples. Souvent malmenés, ceux-ci cherchent à retrouver le vrai sens de la sexualité.

L’homme et la femme du XXIe siècle sont immergés plus ou moins malgré eux dans une société paradoxale. La sexualité y est omniprésente, condition quasi exclusive du bonheur individuel et conjugal, tout en étant banalisée dans une vision utilitaire voire hygiéniste. Une vie sexuelle libérée de ses tabous serait la clé de l’épanouissement personnel, accessible à qui le veut bien. Souvent, ce sont les pratiques vues à la télé ou lues dans la presse people qui dictent aux personnes leurs conduites. Tous veulent être créatifs, imaginatifs, mais ils ne font que chercher à reproduire ce qu’ils ont vu. Un vrai pillage de l’imaginaire ! Au cours des entretiens conjugaux, on s’aperçoit rapidement du décalage entre cette vision idéologique de la sexualité et la réalité de la vie de beaucoup de couples. Cette question est abordée très souvent sous forme d’insatisfactions, de souffrances, d’impression d’échec.

Un sommet du don de soi

Dans sa théologie du corps, Jean Paul II rappelle que Dieu est à l’initiative de la sexualité et qu’il la donne à l’homme comme moyen privilégié d’expression du don de soi. Dans le récit de la Genèse, l’homme se retrouve face à un être semblable et différent ; il découvre sa capacité de don et peut aimer comme Dieu aime. La sexualité n’est donc pas l’explosion d’une sensualité, mais un don total et réciproque des époux qui contribue à leur sainteté et à celle du monde. En ce sens, ils reproduisent dans leurs corps l’amour trinitaire par un don qui ne peut être que fidèle et fécond, dans l’altérité. “Je te donne mon être masculin pour que tu atteignes la plénitude de ta féminité.” De même, “je te donne mon être féminin pour que tu atteignes la plénitude de ta masculinité”. Après la chute (le péché originel), le don devient captation. L’homme et la femme se désirent avec concupiscence. Dans l’acte conjugal, les époux sont témoins du Christ qui les a sauvés et de cet immense amour de Dieu pour l’humanité. Le don total suppose une mort à soi pour vivre en l’autre. Cette exigence profonde est voie de sainteté. Elle requiert un apprentissage des époux pour se connaître afin de se donner sans réserve.

 

Article paru dans Il est vivant, novembre 2006, aussi disponible sur ilestvivant.com

Une maîtrise souple

Le projet que Dieu propose aux couples de vivre, l’expression du don total de soi à l’autre qu’est la sexualité, est quelque chose de très grand mais de délicat. Touchant à l’intime des personnes, la sexualité peut être le lieu de souffrances et de blessures profondes. La sexualité est à la fois éminemment spirituelle et très incarnée. Le chemin qui conduit à vivre sereinement cette manifestation de l’amour revêt également cette double dimension. Une bonne formation sur le sens profond de l’amour humain et une pratique régulière des sacrements sont des soutiens puissants et efficaces. L’apprentissage du fonctionnement de son corps et de celui de son conjoint, dans le respect de la dignité de chacun, est aussi important. Une connaissance des émotions et sensations de l’autre permet une maîtrise souple de la sexualité qui en enrichit l’expression. Il est également nécessaire de se donner les moyens de vivre sa sexualité dans de bonnes conditions d’intimité, de temps, de détente. Parfois, une aide s’impose : chemins de vie (cf. Il est vivant ! n° 231, octobre 2006), conseil conjugal, sexologues (bons et sains), méthode Vittoz, etc. En effet, la grande majorité des difficultés rencontrées ne sont pas liées à des problèmes physiologiques mais à des blocages psychologiques ou spirituels.

Communion des cœurs et des corps

Lorsqu’elle est l’expression d’un amour véritable, la sexualité est réussie, comme moyen privilégié pour vivre la communion des corps et des cœurs. Cet apprentissage à deux peut demander du temps, beaucoup de dialogue, de respect et de tendresse. Pas besoin de faire semblant par peur de se “faire plaquer” : on a le droit de ne pas être “au top”. On progresse ensemble.

Le ciment du couple, c’est l’amour et la sexualité est au service de cet amour. Et non l’inverse.

- Brigitte Vermersch, conseillère familiale et conjugale et Anne Viviès

La puissance de la tendresse

Lorsque nous nous sommes disputés ou que nous avons, de façon durable, manqué d’égards l’un vis-à-vis de l’autre (petites paroles assassines, reproches devant les enfants, agacements suivis de non-dits…), la tendresse entre nous en prend un coup. Je me referme comme une huître (“plus question qu’il me touche”), et lorsque nous sommes au lit, il me tourne résolument le dos, sous prétexte de lire un ultime article de journal économique, incontournable évidemment pour son boulot, et s’endort ensuite comme une masse ! Nous souffrons tous les deux et surtout, notre fierté nous empêche de le reconnaître (sauf de façon accusatrice le lendemain !). Or, contrairement aux apparences, nous n’aurions qu’un désir : nous retrouver dans les bras l’un de l’autre pour renouer la communication rompue. Quand il est trop difficile ou délicat de parler ou de revenir sur ce qui nous a blessés, l’un d’entre nous tente un geste d’approche, une caresse, comme une esquisse de pardon (demandé ou accordé). Alors, une brèche se fait jour. Nos cœurs s’ouvrent de nouveau. Les gestes aussi sont un “langage”. Posés avec tendresse et délicatesse, ils sont un puissant moyen de se retrouver en couple, de se tourner de nouveau l’un vers l’autre, et de se redire : “Je t’aime, pour rien au monde, je ne veux gâcher notre amour !” Alors, le dialogue peut reprendre, plus profond qu’auparavant…

 

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