Dans l’idéal, la réponse est « oui ». Concrètement, l’attitude de bon sens consiste à confier à l’autre tout ce qu’il peut porter, mais seulement ce qu’il peut porter.

A première vue, la réponse saute aux yeux. Comment deux êtres qui s’aiment pourraient-ils avoir l’un pour l’autre le moindre jardin secret ? L’Evangile ne dit-il pas de son côté que « la Vérité nous libérera » ? L’amour conjugal ne se construit-il pas sur la confiance totale entre les époux, et le moindre non-dit volontaire n’est-il pas justement un manque de confiance ? Un manque de confiance qui constituerait un véritable danger le jour où l’un découvrirait qu’il y a eu dissimulation.

Confiance et bon sens

Tout cela est très juste. Et je n’hésite pas à dire que l’idéal serait qu’un couple tende vers cette transparence à laquelle tout amour aspire. C’est tellement merveilleux la confiance, et tellement rassurant !

Mais cette vérité totale entre époux exige que les deux conjoints soient pleinement adultes, capables d’admettre les faiblesses possible de la condition humaine, capables de comprendre de l’intérieur les raisons du comportement de l’autre, capables de pardonner au besoin, sans ressentiment ni représailles.

Or l’expérience montre que tous les conjoints ne sont pas capables de cette réaction pleinement raisonnable, mais se laissent déborder par les sentiments négatifs induits par ce qu’ils apprennent du comportement discutable de l’autre.

Ainsi ce n’est pas facile d’apprendre, de la bouche de son conjoint, une infidélité, même purement accidentelle et éphémère. La blessure narcissique est telle que les conjoints deviennent alors voyeurs, voulant connaître dans les détails ce qui s’est passé. J’ai vu des maris montrer du doigt à leurs enfants cette « mère indigne » qui avait eu une faiblesse passagère qu’elle avait cru bon d’avouer.

De plus, le conjoint ainsi trompé se trouve souvent fragilisé ; si, demain, lui aussi a une tentation, il sera tenté de penser « puisqu’il /elle ne s’est pas gêné(e), pourquoi n’en ferais-je pas autant ? ». Si bien qu’il semble que l’attitude de bon sens consiste à confier à l’autre tout ce qu’il peut porter, mais seulement ce qu’il peut porter. Le meilleur moyen pour trancher est peut-être finalement d’aller voir un prêtre ou un conseiller conjugal qui vous connaît bien et saura vous aider à discerner s’il est bon de vous confier à votre conjoint, et pourra, dans le cas du prêtre, vous confesser.

Tout ce que l’autre peut porter

Sachons bien qu’il peut porter souvent plus qu’on ne le suppose. Parfois, par délicatesse, on éprouve le besoin de cacher au conjoint ses peines ou ses difficultés personnelles, pour ne pas le faire souffrir. Or les soucis, les souffrances, portés à deux sont moins lourds (bien souvent d’ailleurs l’autre devine et souffre de ne pas les percevoir clairement).

Ile st possible aussi de lui confier même les sentiments négatifs éprouvés à son égard. Pourvu qu’ils ne soient pas exprimés en reproches, mais en simples ressentis : « quand tu agis ainsi, ça me fait mal. Je ne dis pas que c’est ta faute, c’est peut-être moi qui ai le cuir trop faible ou qui revis ce que j’ai vécu enfant…mais j’ai mal, c’est tout ».

Il est surtout possible et indiqué de confier à l’autre ses aspirations plus profondes, ses élans spirituels, le travail de l’Esprit Saint en soi. Sans, bien sûr, le submerger par des considérations spiritualo-mystiques s’il n’est pas lui-même particulièrement branché en ce domaine.

Seulement ce qu’il peut porter

Il est possible que, dans des cas particuliers, lorsqu’un est en dépression par exemple, il ne soit pas forcément opportun de le déstabiliser davantage en lui apprenant sur le champ des évènements pénibles. Il est parfois bon de reporter le moment de vérité et de le préparer à l’entendre.

Mais c’est surtout dans le domaine de l’infidélité que le problème est délicat.

Disons tout net qu’une infidélité passée qui n’a plus aucune incidence présente, qui ne risque pas d’être dévoilée, qui est sincèrement regretté, doit être tue. A quoi bon donner de soi une image qui n’est plus d’aujourd’hui ? À quoi bon fragiliser l’autre, comme je le disais plus haut ?

Le passé passé, c'est-à-dire le passé qui n’a plus de séquelle présentes, doit être enfoui. A quoi bon remuer la boue qui s’est décantée ? Mais quand le passé est encore présent, il est possible de donner une partie de la vérité : « Je me sens attiré(e) par telle personne, c’est vrai. Aide-moi ». Quand on ne sait pas exactement que faire que monte en soi le besoin d’avouer, on peut se faire aide par une personne compétente pour voir clair dans la situation.

En revanche, quand un couple songe au futur, il est bon que chacun s’engage à l’avenir à parler de la moindre tentation qu’il peut rencontrer, et en même temps) accueillir avec compréhension cette confidence difficile. Il est facile à un couple d’éviter un adultère à ses débuts. Parler tôt, c’est sauver le couple.

De toute façon, sachons bien que la transparence intégrale est impossible. Il y a toujours un continent inconnu au cœur de chacun. Il y a toujours, donc, un inexprimable, un incommunicable. Il y a en tout être une part de mystère qui échappe à lui-même. C'est cette partie que Dieu se réserve, et sur laquelle aucune créature, fût-ce le conjoint, n'a un quelconque droit de possession. 

 

 

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