Quelle idée ! Mais qui vous réclame une chose pareille? C’est mission impossible! Et déjà se devine votre désespoir de ne pas y arriver…

La question se pose pour un nourrisson, pas pour un conjoint! Toute mère réaliste sait qu’elle ne pourra pas éviter à son bébé chéri la frustration: elle aura beau être la « meilleure » des mères, son petit-bout devra bien attendre de temps en temps la tétée, le moment d’être changé, supporter le bruit de l’aspirateur, de la perceuse, et être réveillé de sa sieste pour aller chercher ses frères et sœurs à l’école. Ainsi se construit le tout-petit, qui apprend que la frustration fait partie de la vie. Pourquoi maris et femmes ne supporteraient-ils pas le manque, la frustration, l’imparfait, et attendraient-ils de leur conjoint la satisfaction de besoins personnels? Comme si là était le bonheur, ou le but du mariage… dans l’absence de manque!

De même que nous avons à être de « suffisamment bons parents », nous avons à accepter de devenir seulement de suffisamment bons époux… Ce qui n’est pas du tout renoncement à la sainteté en couple, mais renoncement à cette
toute-puissance qui nous fait espérer rassasier l’autre pour le combler. Orgueil subtil! Qui plus est, le maintient dans l’état infantile du bébé qui crie pour avoir le sein de sa mère. Bien sûr, votre conjoint essaye de réclamer (il est malin!), et risque de tempêter si vous n’obtempérez pas. D’aucuns disent: « Mais, j’ai peur de ses colères, de ses sautes d’humeur, de ses critiques… Il-elle me culpabilise d’être une mauvaise épouse, un mauvais mari! » La culpabilité vraie, consisterait plutôt à se considérer comme « un dieu » pour l’autre, dans un perfectionnisme qui n’a rien à voir avec la sainteté. « Eh, non! Je ne peux pas “tout” pour l’autre… Je le déçois… », et ce faisant, je me déçois moi-même!

Chacun dans le couple est responsable de ses propres besoins: de sommeil, de nourriture, de sport, de détente, de lecture, d’affection, de vie spirituelle… et ne peut faire peser sur l’autre la responsabilité de leur satisfaction, au risque de se transformer en vrai tyran, ou de jouer au jeu malsain du chantage affectif: « Si tu m’aimais… ».

Dans une relation saine, équilibrée, aimante et respectueuse, l’époux (se) est adulte, c’est-à-dire qu’il(elle) connaît bien ses propres besoins, et peut paisiblement les partager à l’autre sans faire de pression. Saint Paul nous dit: « J’ai été formé à me contenter de ce que j’ai. Je sais vivre de peu, je sais aussi avoir tout ce qu’il me faut. Être rassasié et avoir faim, avoir tout ce qu’il me faut et manquer de tout… Je peux tout supporter avec Celui qui me donne la force » (Ph 4 11).

La tâche de notre humanisation consiste à passer du besoin (enraciné dans l’instinct), au désir. Avec la grâce de l’Esprit Saint, les deux époux pourront décider, librement et par amour, de consentir (ou non!) au désir de leur conjoint… désir que Dieu ne cesse de purifier, d’émonder, d’orienter vers Lui. La communion devient alors possible: merci mon (ma) chéri(e)!

 

Cet article, paru dans Il est vivant ! N°263, rubrique Atout famille, www.ilestvivant.com, a été écrit par Bénédicte Lucereau, du cabinet Mots Croisés (06 11 61 51 14) et co-auteur de « Ces Amours qui n'avancent pas » avec Elisabeth Content et Valérie Matthieu, aux éditions de l’Emmanuel

 

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