Ne jamais se quitter ? Ou bien chacun ses goûts, ses activités, ses amis ?

Repères pour trouver un équilibre.

C’est au psychanalyste anglais D. W. Winnicott que nous devons le concept de « bonne distance ». Il l’a avancé à propos de la relation entre la mère et l’enfant, considérant que la « mère suffisamment bonne » (un autre concept que nous lui devons) est celle qui sait être là juste quand il faut, quand le bébé en a besoin et qui, par ailleurs, sait se reitre progressivement, s’éloigner, pour qu’en l’enfant grandisse la « capacité d’être seul ».

Etrange idée que de rapporter au couple, deux partenaires adultes d’un même couple, ces concepts qui appartiennent au monde du bébé et à la relation mère-enfant.

Et pourtant… nous n’en avons jamais fini de faire grandir l’adulte que nous devenons, jamais fini de reconnaître ou d’avoir à reconnaître ces vieux désirs sans cesse renaissants qui semblent d’un autre âge chez ce conjoint, ce compagnon supposé être une grande personne.

Comment donc trouver cette bonne distance que, parfois, le jeune couple avait cru tenir et dont il perçoit vite que tout est toujours à refaire ?

Bien sûr, on dira que, lorsque se calme la passion de la jeunesse, le désir d’être tout proches, toujours ensemble, toujours partageant les mêmes intérêts, les mêmes plaisirs, se calme. Mais il arrive aussi que la passion ne soit pas le seul fait de la jeunesse ni du couple débutant. Il arrive que le désir de partage grandisse au lieu de décroître et que, parfois, les vieux époux ne sachent plus se reconnaître distincts, et que, pris de l’angoisse d’être un jour séparés par la mort, ils refusent l’éloignement, quel qu’il soit. Alors ?

Alors il doit falloir se donner quelques règles de croissance.

De même que l’enfant, pour prendre son envol, a besoin, à la fois, de se sentir accompagné et de s’ouvrir au monde, chacun des deux partenaires du couple a besoin de se sentir le droit de découvrir d’autres centres d’intérêt, d’avoir des amis qui lui soient propres sans nuire à l’alliance de vie qu’il a faite avec son conjoint.

 

Conjuguer vie commune et goûts personnels

« je me marie avec le père de ma fille. Nous, on s’est dit que maintenant qu’on va vraiment vivre ensemble, il faudra qu’on se laisse tout de même un peu respirer ailleurs. Je continuerai à voir mes copines et lui ses copains, l’un sans l’autre, de temps en temps. Et si on a envie de voir un film, on n’est pas obligés de forcer l’autre à venir au ciné s’il n’aime pas. Ça sera bien plus difficle qu’avant puisqu’on vivra ensemble. Mais on y est décidés. ».

Souhaitons-leur d’y parvenir, et d’y parvenir tout en construisant réellement leur vie commune telle qu’ils la veulent. Cela suppose une grande exigence, personnelle et réciproque.

Pourquoi, si l’un aime la montagne et l’autre la mer, faudrait-il changer ses goûts ? « Sacrifier » ce que l’on aime ? Ne peut-on pas inventer de temps en temps des jours de vacances séparés ? Cela favorise la découverte, la mise en place de la bonne distance. Et quand tout est difficile, serait-il possible, avant de se parler à nouveau, de trouver, dans la maison, dans une activité personnelle, une occasion pour se retrouver soi-même pour pouvoir retrouver l’autre ?

Et quand tout va trop bien, va si bien qu’on ne veut plus se séparer, ne faut-il pas se séparer un peu quand même, ne serait-ce que pour apprendre à demeurer soi-même, même si l’un des deux vient à manquer, à disparaitre ? Supporter la séparation, se déplacer dans des espaces différents, privilégier des lieux de solitude possible, c’est bien créer de la distance, chercher la bonne distance. L’espace en est la métaphore.

 

Cultiver son espace intérieur

Car, pour trouver la bonne distance, il faut avoir trouvé son espace intérieur, être capable de s’y tenir et de le cultiver. En connaitre et en affirmer les limites. Dès que les limites, les frontières du soi sont acceptées et définies, il devient possible d’ouvrir sa porte, d’inviter l’autre à pénétrer. Ce qui suppose aussi que l’on n’ira jamais chez l’autre en forçant la porte. Des espaces distincts dont jamais on n’abattra les cloisons, espaces reliés par des portes capables de s’ouvrir à deux battants, mais aussi de se refermer. Un lieu de circulation, de rencontre, mais aussi des jardins intimes que chacun respecte, me semblent la figure la plus dynamique de la bonne distance qui s’établit entre des personnes ayant la capacité d’être seules.

 

 Sur le même sujet, vous pouvez lire aussi : Trouver la juste distance pendant les fiançailles et Faut-il tout partager, tout faire ensemble ?

 

 

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