« Je ne peux plus supporter la façon dont mon mari me parle », se plaint une mère de famille. C’est impressionnant de constater combien le ton employé pour donner son avis a de l’importance dans la vie de famille. Combien de disputes sont en fait alimentées par le ton.

J’ai pu observer deux conjoints qui étaient du même avis et qui pourtant se querellaient : le premier ayant parlé avec agressivité, l’autre a entendu le contraire de ce qu’il voulait énoncer ! Ce qui veut dire que la parole la plus pertinente sera rejeté si elle est véhiculée sur un ton agressif ou ironique. En caricaturant, disons que si un conjoint dit sur un ton agressif que 2 et 2 font 4, l’autre pourra répondre « Ce n’est pas vrai ! » En revanche, s’il soutient avec gentillesse et douceur que 2 et 2 font 5, l’autre sera peut être « fichu » de l’admettre !

 

La parole a une coloration affective

C’est un art, quand il faut bien dire une parole dérangeante et pénible, de trouver le ton adéquat pour que le destinataire ne le ressente pas comme un reproche mais comme une bienveillante correction fraternelle. Lorsque nous parlons à quelqu’un, ce qu’il perçoit en premier, ce n’est pas le contenu du message, mais le ton qui l’accompagne. Car toute parole a une coloration affective : douceur ou intolérance, respect ou désir de convaincre… Et c’est le ton employé qui pourra faire admettre ou rejeter ce qui est affirmé.

C’est manifeste pour le tout petit enfant. Si sa maman lui dit sur un ton énervé : « Je ne suis pas ta bonne pour ramasser continuellement ta cuiller que tu jettes par terre ! », croyez-vous qu’il sait ce que c’est qu’une bonne ? Et pourtant il a parfaitement compris que sa maman se fâche quand il fait ce geste. Il décode le ton, et non le sens exact des paroles.

 

« Heureux les doux ! »

Tout petit, l’enfant est marqué par le climat familial : il a besoin certes de fermeté, mais aussi et surtout d’un environnement de paroles sécurisantes parce qu’empreintes de douceur et d’amour. Et ce, même quand il est plus grand. Une petite fille de 8 ans disait : « Tu sais, Maman, quand les gens te voient comme ça jeune et jolie, ils ne s’imaginent pas de quoi tu as l’air quand tu cries ! »

Ce qui est vrai pour la relation aux enfants l’est également pour la relation au conjoint. L’agressivité empoisonne la vie conjugale. Si votre mari, Madame, crie pour rien, c’est peut-être qu’il a un grief plus profond qu’il faudrait détecter en premier. Sinon, j’aimerais simplement lui dire : « On a souvent tort de la façon d’avoir raison ». Quant à vous, n’oubliez pas : « Heureux les doux ! ». Il y a des douceurs qui désarçonnent les agressivités les plus tenaces.

 

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